Ma première approche avec Proust a été très compliquée, de même pour la deuxième. Mais, après deux ou trois mois d'attente, j'ai finalement décidé de reprendre Du côté de chez Swann et de le lire le plus minutieusement possible pour en comprendre le plus que je pouvais.
A peine après avoir lu une cinquantaine de pages que je me suis dit que le style de Proust est un style à part des autres romans que j'ai pu lire jusqu'à maintenant. Tout au long du roman, sa prose est d'une constante justesse et clairvoyance des rapports humains et familiaux (notamment ceux que le Narrateur entretient avec « maman ») et d'une analyse réfléchie sur l'art et les sentiments. Les grands thèmes présents (l'amour, la mémoire et l'enfance) sont introduits dans de longues, très longues phrases qui n'en finissent jamais mais qui révèlent son adresse à dépeindre la vie dans une continuité temporelle représentée et décrite par le Narrateur. Beaucoup d'images me viennent en tête lorsque j'y repense encore : la célèbre madeleine de Proust, les longues méditations dans son lit en attendant le fameux baiser du soir et sa romance avec Gilberte.
Malgré cet éloge à l'œuvre proustienne, j'ai tout de même été dérangé à certains passages. Comme je l'ai dit, les longues phrases de Proust sont belles mais parfois, je me suis noyé dans cette expression alambiquée qui m'était encore inconnue (et qui l'est toujours, d'ailleurs). De par mon âge, je n'ai pas toujours tout compris. Je pense que j'ai attaqué ce livre trop tôt et que je devrai bien évidemment le relire. Il faudrait même lire la Recherche autant de fois que Proust l'a modifiée pour en comprendre les plus infimes subtilités.
Même si ce roman est très dur à comprendre et à lire, je le trouve particulièrement amusant. Sous la plume de Proust, on pourrait croire qu'il n'est question que d'intenses réflexions et d'une introspection minutieuse mais il faut pouvoir déchiffrer son hilarité et tout particulièrement dans Un amour de Swann (qui est par ailleurs un décalage par rapport à la première partie). Cette mise en scène des bourgeois snobs qui n'attendent que de se réunir dans le salon des Verdurin dévoile leur vie monotone et maussade. Ensuite, il y a leurs attitudes par lesquelles ils deviennent plus faux les uns que les autres : lorsqu'ils renient Swann ou bien lors de leurs discussions fastidieuses. Le Narrateur s'attache ensuite à la relation que Swann entretient avec Odette et Swann se fait passer pour un maladroit. C'est vraiment très drôle lorsqu'il devient paranoïaque et se trompe de maison en voulant rendre visite à Odette.
Je devrai néanmoins le relire maintes fois avant de pouvoir goûter à cette nouvelle volupté dont Proust en est le créateur. Il me reste encore le reste de la Recherche à lire et j'attends avec impatience de voir la vie future du Narrateur.