L'édifice immense du souvenir

Ecrire une critique sur Du côté de chez Swann ? Cela me semble impossible. Complètement absurde. On ne peut pas relever les défauts, admirer les qualités d'une telle oeuvre. Ce roman se lit et se VIT.

Cela dit, je vais quand même tenter de mettre de mots sur ce que j'ai ressenti en lisant Proust pour la première fois.

On a peur de l'ami Marcel et de son oeuvre. "Ahhhhhhh c'est long et chiant" ou "les phrases font quatre pages" font partie des remarques qu'on entend maintes et maintes fois de la part diverses personnes peu recommandables. Surtout, ne soyez pas effrayés par ce roman que le commun des mortels juge difficile. Il ne l'est pas (ok, peut être un peu).

Certes, on ne comprend pas toujours ce que l'écrivain veut nous dire. Les images évoquées, les sentiments des personnages, le style de Proust sont tellement subtils, fouillés, que l'on doit souvent relire ce qu'on vient à peine de parcourir. Parfois, on bute sur les mots, on les répète plusieurs fois à voix haute, et...on ne comprend pas grand chose. Sûrement une mauvaise méthode. J'ai bien vite découvert qu'il faut se laisser emporter par la prose sublime de Proust, se laisser bercer par ses métaphores et ne pas essayer de tout déchiffrer. Il faut s'abandonner...

La vraie force de Du côté de chez Swann - et de la Recherche dans son ensemble -, c'est le narrateur. Il est terriblement fragile, il a un coeur d'artichaut (il tombe amoureux d'un peu près n'importe qui), une l'imagination débordante et une terrible envie d'écrire. On s'y attache, à ce petit bonhomme. J'ai hâte de le découvrir "adulte".

Je termine le livre. Des images tournoient dans ma tête. L'épisode de la madeleine bien évidemment, mais aussi Gilberte près des aubépines, Françoise dans sa cuisine, Combray, Legrandin, le baiser du soir...

Je termine ma lecture le souffle coupé. A l'évidence, Proust a déjà tout dit. Tout exprimé. On se sent vraiment petit à côté d'une telle oeuvre.

Maintenant, il ne me reste plus qu'une chose à faire. Lire la suite.

(Défi 2011/2012 : finir la Recherche. C'est parti !)