Du côté de chez Swann par CaliKen
Ce que Proust a fait, cette introspection ultra détaillée, a fait de son oeuvre une pierre majeur de la littérature. A tel point que son passage de la madeleine est devenu une véritable expression commune de nos jours.
Arriver à décrire ses propres sentiments avec autant de détail, mettre des mots sur l'indicible, voilà le travail de tout une vie, le travail d'un homme au corps affaibli, mais à l'esprit exceptionnel. Difficile alors de ne pas s'identifier au héros, de ne pas se rappeler ses propres souvenirs, ses propres madeleines... Ces moments qu'on ne peut partager avec personne d'autre et qui, bien qu'on tente de les décrire avec passion et précision, n'auront jamais l'impact qu'ils ont eu sur nous, sur nos lecteurs/auditeurs. Tel est notre plus grande tragédie, à savoir qu'on est toujours seul dans sa tête et son esprit, et que l'on ne peut pas partager ses sentiments, sinon tenter de les communiquer, en le dénaturant par des mots et des phrases.
C'est bien là toute la tragédie de Proust. Utiliser des mots pour décrire l'indicible, vaine tentative... Un texte trop dense, des phrases trop longues. Je n'aime pas lire Proust, et pourtant, je comprends tellement cette mission qui lui est apparu. Ce désir de décrire la vie.