Poésie d'un conte steampunk
Un livre agréable malgré des transitions confuses et un final précipité. Quelque part entre le Peter Pan de Loisel et le Roublard de Pratchett, la tristesse et la guerre en plus.
Je n'ai pas envie de dévoiler l'histoire qui est relativement simple tout en prenant place dans un univers complexe mais malheureusement rendu très confus, voire incompréhensible, par la rédaction. Nous sommes à Saint Malo en 1922 alors que la première guerre mondiale vient à peine de se terminer. Et les mystères rôdent ainsi que les espions de tous bords.
Les personnages sont de factures assez classique mais restent justes. La vraie poésie du livre venant de Hans et de son attitude face au monde. Dans la seconde partie du livre (plus fantastique) Mayflower et Gwynplaine donneront un peu de légereté aux propos très sombres du livre.
De ce livre je retiens avant tout un bel hommage à Saint Malo, un très beau personnage de Hans et puis un univers dans lequel j'aurais plongé avec délectation... si Thomas Day m'avait permis plus que d'y tremper le bout de l'orteil. Pourquoi la guerre fut-elle si longue ? Qu'est ce qui provoqué/provoque ce brouillard de guerre ? Serait-il possible de développer le rôle de l'IRA et de l'Angleterre dans le jeu des nations ? Pourquoi avoir joué la carte du fantastique en le développant de le sorte ? Pourquoi l'ogre en fait et pourquoi agit-il ainsi ? etc.
L'écriture, très belle, sait dépeindre avec brio les personnages et les lieux et crée ainsi un beau sentiment de réalité et de consistance. Mais le contenu, esquissé sans être jamais approndi, et les transitions pour le moins abruptes entre scènes et entre mondes m'ont clairement laissé sur ma faim.
A lire plus comme un conte sombre et poétique malgré le début trompeur ; début plus technologique et réaliste affamant ainsi le lecteur en mal de contenu.
Quelques extraits plic-ploc :
"-Et les rares fois où ils en parlent, ils disent que c'est un géant avec un masque de cuir et des yeux vides. Une créature sans vie, mais massive, tout le contraire d'un fantôme. Tu imagines ça, un géant avec un masque de cuir et des yeux morts ?
-T'y crois autant qu'aux korrigans... tu ferais mieux de manger, Papé. Plutôt que d'essayer de me faire peur. Je préfère tes histoires de putains, de rhum et de tempêtes. "
"En mois de cinq heures, Saint-Malo, aux toits enneigés, noir de boue, rouge de sang, avait sombré dans le chaos et semblait suspendu aux lèvres d'une guerre civile prête à l'engloutir d'une bouchée".
"Des écrivains venaient du monde entier pour séjourner à Saint-Pierre-Port que tout le monde s'est mis à appeler la Bibliothèque. Et puis le Bibliothécaire a fait creuser des tunnels pour relier entre elles les bibliothèques les plus éloignées, ce qui permettait aux uns et aux autres de toujours travailler au sec. Il pleut beaucoup sur Guernesey".
"Ne m'abandonne pas, car moi je n'aurai pas besoin de me glisser du sel sous les paupières pour te pleurer."
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