Kandinsky défend pendant tout son essai la théorie selon laquelle l'abstrait est à opposer au corporel et en quoi celui-là est meilleur que celui-ci. Tout en associant l'abstrait à l'intériorité, au spirituel et le corporel à l'extérieur et à la matérialité. Mais tout de suite j'ai tilté. Cette partition des choses a-t-elle un sens ? Il dit (citation de mémoire) que plus le corporel recule, plus l'intériorité avance. Il faudrait d'abord des preuves, mais les contre-exemples existent. Il est tout a fait possible d'incarner des idées et du spirituel dans de la matérialité la plus brute : les paraboles en sont l'illustration parfaite.
De plus, sûrement en réaction à son époque, il rejette le matériel beaucoup trop absurdement. Il prend à un moment l'exemple du conversation, pour montrer que le corporel est inutile. Pour lui, l'important, dans une conversation, repose uniquement dans la communication des idées et des sentiments, rejetant sciemment l'action du corps. Mais le corps est tout autant important : ton de la voix, sa hauteur, son rythme, etc. sont des réalités out autant voire plus importante que « des idées et des sentiments ».
« Mais ce qui est spirituel n'est pas le premier, c'est ce qui est animal ; ce qui est spirituel vient ensuite » (1 Co 15,46). On intériorise bien ce qui vient de l'extérieur. Le problème de l'abstraction est qu'elle nous éloigne du réel. Au minimum elle l'atténue, au maximum elle le fuit.