Je suis tombée sur Jacques Rigaut en furetant parmi les noms du surréalisme. Son histoire m'a intrigué, on le présente comme un écrivain dadaïste, suicidé d'une balle en plein coeur à 30 ans.
Ces Écrits réunissent en un ouvrage des textes aboutis comme des extraits fragmentaires, de la correspondance et aussi des témoignages de contemporains.
Je n'ai pas tout aimé mais sa plume m'a laissé une très forte impression. J'ai lu quelqu'un d'une cohérence incroyable, affreuse même, quelqu'un d'obsédé par le suicide, pas par désespoir mais par vocation.
Son oeuvre résonne puissamment avec sa trajectoire, il y parle d'ennui et de neurasthénie, du sommeil et de la fatigue qui l'accablent, s'affirme aussi peu motivé par la vie que par la mort, aussi étranger à ses émotions et qu'à ses actes... tout ça dans un style mêlant absurde, illogisme et cynisme.
J'ai particulièrement aimé ses aphorismes sur l'inconsistance des choses (de notre enveloppe corporelle en passant par les objets inanimés), sur l'irréalité de l'existence du soi, sur l'absurdité de tout acte, sur Dieu et la Mort...
Rigaut est volontairement familier, dédaigneux, provocateur, on sent un profond désespoir dans ses fulgurances cyniques, d'une absolue honnêteté.
Sans la connaissance de son histoire personnelle, on pourrait croire à du verbiage de provocateur, mais tout est affreusement cohérent.
Je suis passée à côté des nouvelles du recueil mais les aphorismes et la correspondance de Régaut me hantent encore :
« Le jour se lève, ça vous apprendra. »