Ce livre est le premier que je lis de Didier Eribon. Il m'a déçu car j'y ai cherché quelque chose qu'il n'est pas. Je souhaitais avoir un recul critique sur la psychanalyse. Son analyse est faite en quasi intégralité par rapport à la question de l'homosexualité. Sur cette question, il conclut que la psychanalyse est conservatrice et ne permet pas l'émancipation.
J'aurais aimé savoir s'il y avait des "choses bonnes à prendre" dans la manière où elle est utilisée aujourd'hui par les psychologues et les psychiatres. Est ce que tout est à jeter ? Que faire alors ? Son application dans les thérapies actuelles ? Ce sont des questions auxquelles ce livre n'a pas la prétention de répondre puisque c'est il me semble un livre sur l'histoire des idées qui visent à montrer les bases réactionnaires (homophobes et misogynes) sur lesquelles sont fondées la psychanalyse.
Je lis beaucoup d'essais mais celui-ci est particulièrement opaque. Bien que je ne doute pas de la grande valeur de Didier Eribon que j'ai pu observée dans ses passages radios ou télé, j'ai eu l'impression qu'il n'y avait pas beaucoup d'arguments, qu'il parlait un peu dans le vide. Beaucoup de pages pour ne rien dire. Comme souvent dans ce genre de travail, beaucoup d'auteurs sont cités mais je ne sais pas toujours pourquoi tant j'ai l'impression que ce n'est pas des arguments. Deleuze, Eribon ... ce sont des philosophes dont je suppose que je dois me cantonner à des écrits de vulgarisation de leurs travaux.
Selon Eribon, la psychanalyse a dans son ensemble beaucoup évolué sur ces questions mais il reste à titre personnel très dubitatif sur le fait qu'elle puisse sortir complètement de ses dogmes et écouter les "expériences subjectives vécues et [les] manières multiples dont les subjectivités individuelles et collectives se vivent et s'inventent aujourd'hui".
Sur la fin, Eribon semble dire que Foucault renvoie au même rang la psychiatrie et la psychanalyse. C'est un peu le problème de ce genre de livre, malgré 300 pages, on n'arrive pas à comprendre exactement ce qu'il en est de la pensée de ses hommes tant ce ne sont que les détails qui sont analysés (et il faut les analyser j'en convient, mais sans perdre en clarté).