On ne peut pas dire que ça soit mal écrit, non, mais ça n'est pas l'essentiel. L'essentiel, c'est que cette histoire n'emporte jamais l'adhésion, par ses allers et retours incessants entre une rationalité froide et la jalousie la plus extravagante, parfois trois fois dans la même page. Alors, je sais bien que c'est là tout le propos du livre, l'analyse de cette folie particulière qu'est la jalousie, déclinée de la paranoïa au délire le plus échevelé, mais ça ne rend pas l'affaire plus digeste. Heureusement, les chapitres sont courts et le récit avance de façon plutôt dynamique. Mais ça ne fait qu'accentuer la vanité de l'ensemble : ces personnages antipathiques attirés malgré eux dans un jeu d'attraction / répulsion vain et usant, c'est loin de garantir un bon moment de lecture. Comme si Julien Sorel avait avalé Norman Bates. D'autres se sont tirés mieux que ça de ce style d'introspection, sans verser dans l'artificialité d'une analyse précédent un procès, qui justifie le fait que le narrateur, un drôle d'artiste complètement cintré, s'adresse à nous, pauvre lecteur pris dans la nasse de ses élucubrations minables. Bref, un véritable pensum que rien ne rattrape vraiment.