Oui oui oui oui.
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le 3 sept. 2014
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(Extrait du poème "XII", in : Sonnets à Orphée, traductions de Jean-Pierre Lefebvre et de Maurice Regnaut, parue également dans la Bibliothèque de la Pléiade, in : Élégies à Duino, Sonnets à Orphée, Editions Poésie Gallimard, 1994)
J'ai récemment échangé Rilke contre un Schnitzler - avec un ami ; Rilke concentre, dans sa poésie, les vibrations que j'aime chez ces poètes qui s'enveloppent de paix, et se nourrissent de la contemplation d'un monde qu'ils perçoivent poétique. S'adresser à Orphée, c'est s'adresser à la figure du poète - le poète face à cette parole démesurément poétique, celle qui trouve un ancrage dans ce qui l'environne ; une parole performative par excellence.
"Veux la métamorphose. Ô sois plus que fou de la flamme,
ce qu'elle te soustrait se transforme en elle avec faste ;
l'esprit qui trame et trace et se rend maître du terrestre
n'aime rien d'une ligne autant que son point d'inflexion."
(Extrait du poème "XII", in : Sonnets à Orphée)
Il faut cependant nuancer : chez Rilke, le réel est poésie ; la parole poétique, ses reliefs, ses creux - toutes ses formes mouvantes et vibrantes constitue un monde qui n'est pas ce réel mythologique orphique ; la poésie se parle à elle-même, le poète parle à son inspiration, s'adresse à ses pairs. La poésie existe en tant que telle ; la parole resplendit ; les mots sont une métamorphose. La parole poétique se replie sur elle-même avant d'exploser, à la façon d'une constellation mallarméenne où le poète qui écrit à l'encre noire sur le papier blanc est comparé à un dieu qui, lui, trace des étoiles blanches sur un ciel noir.
Lire ces poèmes, c'est sortir de soi, s'engouffrer dans un ailleurs poétique - flotter entre la voûte céleste, son propre corps et la terre ; la parole, quant à elle, couvre chaque petit élément de ses vibrations.
Qu'il est doux de lire du Rilke - existe-t-il seulement un poète plus doux.
"Mais pour nous l'existence est encore enchantée, elle est
en cent lieux origine encore. Un jeu de forces pures,
nul n'entre en son contact, s'il ne s'agenouille et n'admire.
Des mots vont tendrement encore approcher l'indicible...
Et la musique, et la toujours nouvelle, avec la pierre
la plus tremblante, en cet espace à rien, bâtit son temple."
(Extrait du poème "X", in : Sonnets à Orphée)
Je pourrais frissonner pendant quatre heures - bonne petite littéraire que je suis - sur "Des mots vont tendrement encore approcher l'indicible..." ; des mots qui creusent les formes, en délimitent soigneusement les contours - ou, du moins, essaient - et, alors, la parole serpente de vers en vers, s'étire de tout son long, exhibe une profondeur qui soulève des vertiges ; le vertige, face au ciel écrasant qui s'étalent, ou face au vide béant. Entre deux vertiges, soulèvements ou transports - choisissez le terme, l'idée est là - les nerfs de l'homme sont ceux de la nature (Poème "XI", in : Sonnets à Orphée), où s'anime une "pure tension" (Poème "XII", in : Sonnets à Orphée) - qui est autant celle de la parole que de la sensation ; elles se prolongent de toute façon l'une dans l'autre. Le muscle est "floral" (Poème "V", in: Sonnets à Orphée) - le lecteur rejoint un espace bucolique d'une fraîcheur assez peu égalable, où son corps et celui de la nature ne forment plus qu'une seule et même substance sensible et poétique, où le vent souffle le long des corps qui s'animent - et dansent, le temps de quelques mots.
Macrocosme et microcosme s'assemblent, coulent l'un dans l'autre ; avant de se déverser dans le corps, qui se compose à la façon d'une cosmogonie organique.
... Aah, Rilke. Le seul auteur apaisé(ant) qui me séduit. Je veux le souffle de ces mots, encore, dans ma petite tête.
Créée
le 27 oct. 2016
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