Critique de Shaynning
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le 23 oct. 2022
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J'avais espoir d'avoir trouvé un roman avec une hockeyeuse comme personnage principal, mais quelques points ont refroidi mon enthousiasme.
Laurence Bilodeau est une jeune fille qui aime le hockey et en fait depuis depuis quelques années. Elle intègre cette année le M11, qui inclut les joueurs de 9 et 10 ans. Malheureusement, elle est aussi victime de nombreuses injustices du fait d'être une fille, comme l'ignorance, autant des adultes que des autres joueurs, tous des gars. Résultat des courses, elle finit en classement B alors qu'elle a le niveau A.
Déjà, je suis vraiment blasée de voir ENCORE une fille amoureuse, vraiment, les autrices? C'est impossible d'avoir une fille qui ne passe pas son temps à baver sur un gars? Vraiment, s'en est maladif. Donc, notre fille de 9 ans a le béguin pour le plus beau gars de l'école ( évidemment, quoi d'autre?) et va en dépendre pour progresser dans son estime de soi. Bon, au moins, je me dis pour me consoler qu'au contraire des personnages adolescentes de la dernière décennie, elle ne craque pas pour un Bad boy couillon, c'est toujours ça de gagner, mais j'aurais aimé une fille qui est autre chose qu'une pauvre petite victime qui a besoin que le plus beau gars de l'école la valide dans ses réussites et serve de motivation à faire du hockey. C'est trop rependu comme idée que les filles ont besoin d'un impératif masculin se sentir bien dans leur peau et sentent qu'elle sont inclues grâce à lui.
Je dirais que c'est tout-de-même bien qu'elle est été appuyée, mais je trouve plus intéressante l'appui de son équipe B que de Monsieur "Tu es bonne pour une fille", alias le plus beau gars.
Côté personnalité, on n'est pas sortie des clichés non plus. Laurence doute d'elle même, est très timide et se décourage aux deux pages. Comme 95% des personnages féminins de la littérature intermédiaire avec une romance, en somme. Être amoureuse et confiante en soi, c'est juste impossible, apparemment pour une fille.
L'aspect que j'ai le plus apprécié est la présence du coach de l'équipe B, qui a vu en Laurence ses qualités et l'a réellement supportée sans jugement pour son genre. Les vrais coachs sont ainsi, ils reconnaissent les habiletés et les faiblesses de leurs joueurs et les soutiennent dans leur recherche de perfectionnement sans tomber dans la pression à la performance.
J'ai trouvé le traitement autours de la maman un peu inutilement négatif. Je pense au passage où sa fille lui reproche d'avoir oublié son bâton et la mère s'en excuse: Laurence a 9 ans, pas 5, elle peut tout-à-fait gérer elle-même ses choses, il me semble. Un autre passage montre Laurence qui traite sa mère de "bizarre" parce qu'elle n,a pas la force de serrer ses lacets de patins assez forts. Et le début du roman montre les deux frères en pleine crise de Guerre Froide pour une broutille, alors que la maman est dépassée et ne gère rien du tout. La dynamique de la famille est épuisante à lire.
Un dernier point dont je souhaite me souvenir ici: La tendance général à associer "différence" avec "ostracisation". J'avais remarqué le phénomène avec les personnages gays systématiquement victimes d'homophobie, mais les sportives sont systématiquement victimes de sexisme. Non pas que ce soit faux, c'est hélas un constat qui peut être réel, mais au Québec, ce n'est plus forcément d'actualité partout. Il y a une Ligue Nationale de Hockey Féminine maintenant, nos filles gagnent plus de médailles d'or que nos gars au hockey des Jeux Olympiques, des milliers de filles jouent au hockey, elles ne sont plus des exceptions. Et contrairement à Laurence, les pionnières n'étaient pas toutes de timides amoureuses facilement défaitistes, elles ont lutté avec caractère et aplomb, bien souvent. Bref, mon point est que ce serait bon de ne pas tomber dans une association automatique de souffrances-Sports: les hockeyeuses ne sont pas toutes des victimes et je ne pense pas que toutes apprécient qu'on le pense systématiquement. Ce n'est que mon avis, bien sur et ce roman n'est pas les seul qui m'inspire cette réflexion.
Mon ressenti général est quelque part entre l'agacement et la lassitude. Ce n'est ni original, ni pertinent et pas spécialement entrainant. C'est dommage, j'en cherche des histoires de sportives, mais je n'arriverai pas à défendre ce roman en librairie, surtout que même son français est assez basique. Je ne suis donc pas convaincue.
Néanmoins, je comprendrais tout-à-fait que les jeunes lectrices qui ont tant besoin de sentir représentés en littérature sportive s'y retrouvent mieux que moi.
Pour un lectorat intermédiaire du 2e cycle primaire, 8-9 ans+
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Créée
le 18 févr. 2024
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