Je connais Russell juste de nom, je sais qu'on lui doit la fameuse théière de Russell. Théière que je trouvais géniale lorsque j'ai appris ce que c'était il y a dix ans, mais qui aujourd'hui me laisse plus dubitatif, tant les parodies de religions sont nombreuses et plus inventives que celle de Russell. Je sais qu'il était mathématicien, mais je ne connais son travail qu'au travers de ce qu'en donc Wittgenstein (donc pas du bien)... et en fait ce court essai sur l'oisiveté m'a vraiment plu.
ça m'a plu parce que c'est exactement ce que je défends politiquement...
Qu'on nous foute la paix ! Qu'on nous foute la paix avec la croissance, la consommation, le travail, etc, j'ai l'impression que Russell parle avant l'heure de décroissance. Le but c'est de travailler moins, de gagner moins et de vivre mieux. Est-ce-que l'on a besoin de ceci ou de cela ? Est-ce-que l'on a réellement envie de travailler 1 mois entier pour ce payer ça ?
Surtout quand travailler quelques heures par jour (il parle de 4h par jour) suffiraient à donner à chacun ce dont il a besoin pour vivre dans un certain confort et le reste du temps peut ainsi être consacré aux loisirs, loisirs qui n'ont plus besoin d'être rentables, qui peuvent donc se permettre d'être plus créatifs, etc.
J'aime beaucoup l'humour avec lequel Russell parle des deux formes de travail, celui qui déplace un truc et celui qui dit à l'autre de déplacer un truc...
Ce n'est pas un pamphlet qui sombre dans un sérieux macabre, mais qui offre une piste, une idée d'un changement de paradigme, où la solution ne serait pas toujours plus, toujours plus gros, mais est surtout un réel pied de nez aux riches réellement oisifs eux, qui eux s'inquiètent de savoir comment les pauvres vont occuper leurs journées avec beaucoup de mépris.
Il ne faut pas prendre tout au pied de la lettre, je pense que des économistes risquent de faire un arrêt cardiaque en voyant certaines propositions, mais tant mieux... Plutôt vivre dans un monde où on se nourrit de peu, où on consomme que ce dont on a besoin et où on a le temps pour aller lire, pêcher, baiser... que de vivre dans un pays qui défend la famille avec comme durée limite du temps de travail les 48h imposées par l'UE... ne laissant finalement pas le temps de s'en occuper... de sa famille... ah les libéraux conservateurs... ils ne sont pas à une incohérence prêt...