Les intégrales sont publiées d'une manière étrange, suivant l'ordre chronologique au détriment de l'ordre de parution. Quand on rajoute à cela, l'écriture très évasive du cycle, cette envie de se laisser balader par les événements, de développer des concepts lunaires, l'ensemble a tendance à manquer de rythme depuis le démarrage tonitruant du premier tome. Avec "Elric le nécromancien", la série trouve un nouveau souffle.
Subdivisé en parties très cloisonnées, je retiendrai avant tout la seconde, narrant la chute finale de Melniboné, le siège éclair de la glorieuse cité Imrryr. C'est une séquence extrêmement prenante, qui en film deviendrait j'en suis certain mythique. L'entrée dans le labyrinthe, l'abordage de la cité, les premières luttes, la revanche du duel entre les deux empereurs, la malédiction de l'épée noire, la fuite de la cité, la traque menée par la flotte melnibonéenne, et le dernier sursaut d'orgueil de l'empire décadent qui relâche ses terribles dragons...
Mais dans l'ensemble, on retrouve avec ce tome beaucoup de qualités que j'avais apprécié dans le premier opus, et qui avaient été un peu perdu en cours de route. Des quêtes simples aux objectifs clairs et compréhensibles, un héros au côté d'un fidèle compagnon (Tristelune qui fait son entrée et rappelle forcément l'excellent Rackhir). Une nouvelle némésis est également introduite dans la série, pour palier à la mort de l'ignoble Yyrkoon: bienvenue au pauvre sorcier fou Teleb K'aarna de Pan Tang, nouveau combustible au brasier vengeur qui sert de moteur à notre albinos torturé.