Émile ou De l'éducation par LireLivre12
Commençons d'abord par traiter du reproche principal fait à l'auteur de ce livre. Ayant abandonné ses enfants, on le juge inapte à écrire un traité sur l'éducation des enfants.
Si en effet, ce comportement est plus que répréhensible, c'est ici uniquement l'oeuvre que l'on juge et pas de la faute d'une personne morte il y a plus de 200 ans.
Rousseau devenant virtuellement gouverneur crée son élève Emile et le façonne au fil des pages par une éducation originale. Il relate en cinq livres sa progression de la naissance à son mariage.
Je ne décrirais ici que que les principes qui m'ont le plus marqués autant l'oeuvre est riche.
Rousseau préconise une éducation proche de la nature ; il fuit la promiscuité de la ville, vecteur de vices, pour le grand air et la simplicité de la campagne. Son élève sera de bonne constitution car pratiquera des exercices réguliers.
Chaque apprentissage ne sera pas une contrainte mais voulu et accepté par l'élève pour éviter tout dégoût et rejet.
Rousseau se moque des enfants qui ont des connaissances mais qui ne les comprennent pas. Il attendra que l'enfant soit mûr pour des enseignements plus complexes (comme les sciences par exemple) ; il limitera même l'usage des livres. Il chercha systématiquement des expériences justifiant un savoir (par exemple se perdre dans la campagne pour comprendre ensuite l'intérêt de la géographie et des cartes).
Le but de l'éducation est d'obtenir un homme raisonné ; ne lui demandons pas trop tôt de le faire.
Il apprendra un métier manuel loin des milieux aristocratiques de l'époque. Vivant simplement, il ne développera pas leurs vices.
Jamais on lui reprochera une erreur, il ne développera ainsi pas de rancunes pour son gouverneur ; c'est lui qui comprendra ses écarts. Le mensonge lui sera inconnu.
L'oeuvre est parfois idéaliste (le gouverneur sait toujours où il veut mener son élève), désuète (certains thèmes sont trop éloignés de nos principes modernes comme par exemple sur l'éducation des femmes) mais toujours elle nous amène à réfléchir sur nous mêmes et cela est bien l'essentiel.
A noter enfin un passage particulièrement intéressant sur ses doutes concernant la religion.