En l'absence des hommes par Brice B
Bien que contrairement à d'autres je n'ai pas encore parcouru l'ensemble de ses ouvrages (je n'ai lu que Son frère), je crois pouvoir affirmer sans prendre un grand risque que Philippe Besson exerce son art avec un talent certain, auquel je ne suis pas insensible. Prix Emmanuel-Roblès à l'appui.
Quelle magnifique et émouvante histoire que celle de ce jeune Vincent de l'Etoile, parisien de 16 ans, « né avec le siècle », les cheveux noirs, les yeux verts en amande, une peau de fille. Fils d'une famille aristocrate, il échappe à l'horreur de la guerre, et jouit des plaisirs parisiens pendant que le reste du pays s'enlise dans une guerre qui semble ne plus en finir.
Vincent rencontre Marcel, vieil écrivain « pas joli », journaliste, qui préfère la compagnie des hommes à celles des femmes. Des jeunes hommes, même, comme Vincent, auprès de qui il trouve un ami plein de surprises et objet d'une grande affection.
Vincent découvre Arthur, le fils de leur femme de maison, le jour où, rentré du front pour une permission d'une semaine, ce dernier avoue son sentiment amoureux à l'égard du jeune adolescent gracieux. Ensemble, ils partagent une idylle amoureuse, le premier découvrant ses sentiments pour un jeune homme, le second oubliant l'horreur de la guerre au profit d'un amour accompli.
Vincent navigue habillement dans sa vie parisienne, profitant de son amitié pour Marcel, et entretenant la flamme de son amour pour Arthur, retourné à son devoir pour la patrie.
Et nous, lecteur. Nous au milieu de tout ça, amené à tout savoir, tout connaître, parce que l'auteur en a voulu ainsi. Vivre cet amour, vivre la douleur des épreuves, la douceur des caresses, la jalousie des amis. Vivre le silence des secrets, les larmes de la consolation. Nous, lecteur, nous sommes ébahis et touchés par cette histoire singulière, celle du premier amour d'un adolescent de 16 ans, cheveux noirs, yeux verts, peau de fille.