Spiritualité,connaissance et persévérance sont des qualités de vie.
Il s'agit d'un roman à deux plumes, écrit à la première et à la troisième personne.Tout d'abord, il y a Naoko, jeune adolescente japonaise qui raconte sa vie , son "je" dans un journal intime (réflexions sur la famille, son ressenti par rapport à elle et interrogations sur l'atavisme du suicide dans sa généalogie ainsi que sur la cruauté humaine qu'elle subit parfois). Ruth (prolongement littéraire de Ruth Oseki, auteur du roman) est notre deuxième narratrice. Cette femme mûre trouve un jour le journal de Naoko sur une plage et va s'approprier cet écrit pour mettre en perspective ses pensées avec son ressenti sur le témoignage de l'adolecente. (Désolé,Sens critique, je n'ai pas la même approche que toi et le quatrième de couverture du livre). En substance, Ruth commente le journal de Nao et établit des passerelles existentielles entre leurs vies.
Ce qu'il faut retenir, c'est la similitude entre les deux personnages, toutes deux représentantes d'une double culture américano-japonaise.Je serais tenté de dire que Ruth et Naoko sont donc les deux moi de Ruth Oseki qui revisite avec délectation le "je"est un autre, cher à tous les écrivains.De plus, l'arrière grand-mère de Naoko dans le livre est nonne zen comme Ruth Oseki, qui a été ordonnée en 2010.
Entre le 11 Septembre et le tsunami (avec un retour ponctuel sur la deuxième guerre mondiale avec Haruki I,grand oncle de Naoko), Ruth Oseki s'est faite aussi ethnologue des Etats-Unis et du Japon.Une initiative trés foisonnante qui nous prouve que l'auteur a bien synthétisé les deux cultures.De plus, Ruth Ozeki n'est pas en reste puisqu'elle aborde le zazen, la physique quantique.J'ai senti la pludisciplinarité de cet ex-réalisatrice de documentaires qui adore transmettre et éclairer le plus grand nombre. J'admets bien volontiers qu'une telle masse d'informations peut lasser le lecteur qui a envie la plupart du temps de trouver une ou plusieurs clés du livre qu'il a entre les mains ( pendant 580 pages).Mais j'avoue que même si le voyage s'est parfois avéré complexe, il a été extraordinaire.
L'épilogue de En même temps, toute la terre et tout le ciel, raconte à demi-mots la difficulté d'un écrivain à quitter son oeuvre et vous verrez avec la délicatesse que Ruth Oseki le fait à travers son double littéraire. Pour finir, je conseille ce livre aux lecteurs pour qui le bouddhisme ou d'autres spiritualités asiatiques sont des sources d'inspiration.Ils seront nourris au quotidien de petites maximes qui élèvent le moment présent au rang d'un art patient mais payant.