Un roman zen qui fait battre le coeur.
En plus d’un titre (que je trouve) accrocheur parce qu’intrigant, En même temps toute la terre et tout le ciel est un roman emballant à tout point de vue : une jolie ribambelle de personnages, une construction à la fois simple (une alternance de chapitres centrés sur Ruth et sur Nao) et complexe (des histoires dans l’histoire, des liens entre ces histoires), mais aucun mal à suivre le tout grâce à une écriture à la fois poétique et simple.
Allez, j’insiste un peu sur les personnages, parce qu’ils sont nombreux mais tous attachants, aussi denses et importants les uns que les autres : sans tous les dévoiler, il y a Nao la lycéenne japonaise à côté de ses pompes, ses parents mais surtout Jiko sa grand-mère centenaire nonne zen (dont j’aurais vraiment adoré qu’elle existe en vrai pour lire ensuite ses mémoires !), Ruth l’écrivaine canadienne et son mari Oliver, artiste un brin excentrique, sans oublier leur chat, que tout le monde appelle Pesto mais dont le nom de départ est Schrödinger (détail non anodin). Tout ce beau petit monde nous manque déjà au moment de fermer le livre, ce qui est déjà un tour de force en soi. Mais la magie de Ruth Ozeki (et oui : le prénom de l’écrivaine réelle est le même que celui de l’écrivaine-personnage…) réside dans les détails matériels si consistants (le sac plastique qu’elle retrouve et tout ce qu’il contient) que nombre d’objets semblent devenir des personnages à part entière. Tout comme les lieux décrits, notamment l’île où vivent Ruth et Oliver. Ajouté à cela un joli ancrage des histoires fictives dans l’Histoire réelle (le 11 septembre, la catastrophe de Fukushima, la Seconde Guerre mondiale). Le tout est absolument absorbant : une lecture à la fois palpitante et apaisante. Un roman zen qui fait battre le cœur.
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