Trois novelas de Jim Harrison. Je me réjouissais d'avance pour la première qui raconte une aventure de Chien Brun, un indien de la péninsule Nord qui fait de fréquentes incursions dans l'œuvre de Big Jim. Grosse déception, cette nouvelle qui projette CB dans la métropole de Los Angeles s'essouffle vite.
Les choses sérieuses commencent avec la deuxième nouvelle où un retraité se prend d'affection pour un voisin victime d'amnésie suite à un accident de moto et qui retourne à l'état sauvage.
La troisième nouvelle, ma préférée, est écrite par un écrivain cynique spécialisé dans les biographies et qui, fortune faite, cherche un sens à sa vie.
C'est magistral. J'adore le style de Harrison et ce recueil m'a enchanté.
Jim a le chic pour accrocher le lecteur dès le premier paragraphe. Je ne résiste pas à la tentation de vous livre l'ouverture de :

La bête que Dieu oublia d'inventer: Le danger de la civilisation, c'est bien sûr qu'on risque de bousiller sa vie en conneries. Le sociologue discrédité Jared Schmitz, viré de Harvard vers une petite université religieuses du Missouri avant d'avoir été titularisé quand une partie de sa thèse de doctorat se révéla une imposture, déclara que dans une culture située au septième degré du consumérisme forcené, la périphérie absorbe toujours le noyau central, lequel disparait au point que très peu de citoyens se souviennent de sa nature précise. Schmitz avait stupidement confié à sa maitresse, une étudiante en licence, qu'il avait en fait inventé certaines données françaises et allemandes et, lorsqu'il la quitta pour une danseuse classique, cette étudiante rendit publiques les confidences dudit sociologue. Ces faits sont sans rapport réel avec notre récit, mais ils offrent une anecdote amusante sur la vraie nature de la vie universitaire. Aussi bien sûr que le message poignant d'une culture qui gâche temps et argent à acquérir non seulement l'abri, le couvert et le vêtement, mais, dans une confusion écœurante, tout un superflu devenu nécessaire.

J'ai oublié d'aller en Espagne : Vous me connaissez sans me connaitre, mais comment me connaitriez-vous? Je n'ai jamais eu le moindre gout pour les devinettes d'aucune sorte, ce qui explique en partie pourquoi j'ai écrit mais trois douzaines de biocompactes, ces biographies indiscrètes, longues d'une centaine de pages, qui souillent librairies, magasins de journaux, boutiques de nouveautés des aéroports-j'ai même découvert un riche assortiment de mes œuvres dans un relais de routiers près de Salinas au Kansas. Marylin Monroe et Fidel Castro se sont le mieux vendus. Linus Pauling et Robert Oppenheimer le moins bien. Une intelligence authentique n'a guère de temps à consacrer aux préoccupations vulgaires qui engendrent une biographie intéressante.
rivax
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le 12 janv. 2011

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