Mielleux, sucré, aseptisé... les adjectifs ne manquent pas pour analyser ce roman. Le style de l'auteur, limpide et agréable, ne suffit pas à compenser cette manie à surfer sur des thèmes qui ont fait la mode de ces dernières années ; à l'image de l'homosexualité, de l'obésité, du féminisme ou du phénomène "cougar". De fait, et malgré certains protagonistes qui proposent une vraie personnalité, l'environnement imaginé dans En scène les audacieuses ! ne parvient pas à sortir de la routine du quarantenaire "bobo", des querelles amoureuses qui n'ont d'intérêt que pour ceux qui la vivent vraiment ou des tourmentes de l'enfant qui souffre de l'absence de son père.

L'auteur narre ainsi les déboires d'une adolescente en proie au mal de vivre, Nelly, mais qui déborde malgré tout d'ambition. Son rêve ? Devenir la nouvelle Nelly Furtado (son idole), se faire un nom dans les charts et gagner de l'argent ; beaucoup d'argent. En invoquant les raisons légitimes d'une jeune fille martyre, en surpoids, qui cherche à prendre sa revanche sur un monde conformiste, Tonie Behar se contente de faire l'apologie d'un système vérolé, hanté par les apparences et répondant seulement à une logique commerciale : l'auteur poussera ainsi son héroïne à coucher pour réussir, sans qu'aucune leçon de morale ne raisonne le lecteur sur les dangers d'une telle pratique. Parallèlement, la seconde héroïne du roman, Déborah Shapiro, évolue à la tête de l'industrie musicale : elle a réussi à passer outre le "plafond de verre" qui voudrait qu'aucune femme ne puisse accéder à des fonctions importantes, et se bat chaque jour pour conserver sa place au sein de la hiérarchie. Mais pour rythmer sa vie, En scène les audacieuses ! ne peut s'empêcher de faire appel à des clichés rébarbatifs : une secrétaire écervelée, une soeur qui fait office de meilleure amie, un amant abandonné (et star mondiale, par la même occasion) qui ressurgit du jour au lendemain... Tout est si prévisible que l'on devine le happy-end sucré qui se profile.

Mais si le roman n'est pas vraiment mauvais en soi, il commet néanmoins une erreur inacceptable : servir la propagande des grandes maisons de disque. Tout au long du livre, Tonie Behar fait ainsi des allusions agaçantes à propos du téléchargement illégal, de l'inefficacité de la loi Hadopi et des pertes financières que subissent les ténors de l'industrie. Et les remerciements ne manquent pas d'achever un manichéisme certain : par exemple, l'auteur cite un certain Pascal Nègre (PDG d'Universal Music France) ou R-H Chassagne (directrice de Warner Music France) qui, à n'en pas douter, apprécieraient de voir disparaître le format mp3 du réseau internet. En scène les audacieuses ! parlent-ils du contraste de revenus saisissant entre label et artiste ? Jamais, et pourtant... d'après Steve Albini, qui a notamment été le producteur de l'album In Utero (Nirvana), lorsque la maison du disque touche 710,000$ : l'artiste, lui, en gagne à peine 4000 !

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blolit
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le 8 juil. 2011

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