Mais quel chemin de croix !
J'ai bien cru que je ne m'en sortirais jamais de cette soupe à la guimauve qui m'aura bassinée de la première à la dernière page. Il fallait vraiment un challenge de lecture pour que je m'accroche ; voilà bien des efforts pour pas grand-chose.
Alors c'est donc ça le "style" Gavalda ? C'est donc ça qui fait tourner les rotatives et tinter les caisses enregistreuses de nos librairies ? Tant mieux pour l'édition et tant mieux pour les libraires. Tant mieux aussi - et je suis sincère - pour les millions de lecteurs qui ont pris leur pied à suivre Camille, Franck, Philibert et Paulette dans leurs "aventures". Qu'ils ne pensent pas que je les juge ; que chacun lise ce qu'il veut tant qu'il se fait plaisir. Par respect pour eux, je vais quand même préciser ce qui m'a le plus fortement déplu dans ce roman :
le côté "Amélie Poulain" réchauffé ; ça sent le filon à exploiter, d'ailleurs, pourquoi se priver puisque ça marche ?
la psychologie de comptoir et le pathos dégoulinants, les lieux communs assénés comme de grandes révélations philosophiques,
l'histoire. Franchement, pas de quoi blesser nos amis les canards. Est-ce que c'est par complaisance pour son lecteur que l'auteur fait en sorte qu'il devine ce qui va se passer cinquante pages à l'avance ? Une mélo-romance très convenue, des ficelles très grosses et éculées,
alors, c'est ce style-là qui plaît aujourd'hui ? Une narration bâtie à 90% sur des dialogues déstructurés (sincèrement j'ai passé la plupart du temps à me demander qui parlait à qui), exit les verbes de dialogue (c'est peut-être en cela que l'auteur croit avoir innové et marqué la littérature de son immortelle empreinte ?), des sauts de ligne inexpliqués et inexplicables dans un même paragraphe, des chapitres d'une demi-page alternant avec d'autres bien plus longs ? Ouais, je reste dubitative.
Au final, presque 600 pages d'un vocabulaire au ras des pâquerettes et redondant, aussi pénible à lire qu'à digérer, pour une bluette pas si romanesque que cela. La froideur de ce style parlé aura surtout eu pour effet de me rendre tous les personnages antipathiques (allez, une petite exception pour Philibert). Donc un coup d'épée dans l'eau pour l'auteur qui voulait vraisemblablement jouer la corde de la sensiblerie compassionnelle jusqu'à l'extrême usure. Ce sont mes nerfs et ma patience qu'elle aura usés sans ménagement.
Navrée, Mme Gavalda, mais vous m'avez très défavorablement impressionnée.
Une prochaine fois, je passe mon tour.