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Si je devais décrire cette lecture en un mot, je dirais qu'elle est surprenante.
Dès les premières pages, Gringe pose le contexte : l'oeuvre est proposée par la maison d'édition, moyen de se faire de la thune sans trop forcer, tout en se racontant. le problème, c'est de convaincre son frère Thibault de lui accorder des entretiens pour parler de la schizophrénie, trouble dont il souffre. L'offre est alléchante, 10 000 euros d'avance. Pour 10K, tu le fais ou pas ?
"Au cours de ma quête éperdue de conneries à faire, tu te retrouvais souvent aux premières loges, quand je ne décidais pas de t'attribuer le premier rôle.."
Ensemble on aboie en silence, c'est avant tout une histoire de famille qui ne baisse pas les bras face à la maladie, qui raconte les beaux moments, l'amour et l'espoir, les désillusions, les traitements et l'impuissance sans se rendre.
Les voix des frères Tranchant se mêlent : si Guillaume évoque sa culpabilité envers son frère, son amour, ses angoisses, sa tristesse, sa haine contre ceux qui détourne le regard, et son admiration pour lui, Thibault, nous partage ses textes à l'écriture poétique et onirique, ses photos, des bribes de sa vie, ses voix auxquelles il s'est attaché, sa lutte quotidienne.
Si vous vous attendez à un roman dur, qui parle de la maladie, en fait la typologie, passez votre chemin. La schizophrénie est le fil conducteur de l'intrigue, mais elle ne pèse pas sur chacun des mots. Pourquoi ? Parce que derrière la maladie, il y a l'humain, qui vit avec, qui précède la pathologie. C'est un roman de ressentis, d'espoirs, de peur, de culpabilité.
De fraternité et d'amour, au-delà de tout.