"Entre ciel et terre", dans les fjords du nord de l'Islande, au début du XXème siècle, plusieurs embarcations de pêcheurs de morue prennent le large. Baldur, et son ami "le gamin", en particulier, jeunes, beaux et vigoureux, pas vraiment pêcheurs, plutôt poètes. Mais le métier n'est pas tendre avec les rêveurs. Baldur en fait les frais quand, à tenter de retenir quelques vers pour la femme qu'il désire, il en oublie sa vareuse, seul rempart contre le froid mortel de la tempête de neige qui se lève au dessus des eaux noires et glacées. Ce livre de Stefansson -un cadeau de ma maman, de passage à Bruxelles- est un livre sur le deuil. Le deuil du gamin, livré à lui-même, et que plus rien ne semble retenir entre ciel et terre. Une écriture magnifiquement poétique et nostalgique. Tout à fait d'accord avec l'avis de vivi_brindherbe: le début du livre jusqu'à la sortie en mer, fatale pour Baldur est d'une incroyable justesse, et suscite un enthousiasme certain. Mais l'errance du gamin dans le froid est ensuite trop longue. A vouloir retranscrire l'impasse émotionnelle dans laquelle celui-ci se débat, l'auteur finit par ressasser son propos, et par nous lasser. En revanche, l'intérêt revient dès que le gamin passe la porte de la buvette. Un nouveau rythme s'installe avec les nouveaux personnages, et se termine par un retour certain de la maîtrise des mots et de la poésie, en toute simplicité. J'ai envie d'y retourner...