" Tout respire ici Dieu, la paix, la vérité. "
Esther est une pièce à replacer dans son contexte : une commande poétique et religieuse pour la " très célèbre maison de Saint-Cyr ", à destination des jeunes filles, de leur éducation et de leur déclamation. Aussi, si la fable tient extrêmement efficacement sur les trois courts actes, les chants du chœur de jeunes filles israelites sont à imaginer chantés, dans les conditions de la représentation, étant difficilement efficace du point de vue littéraire.
Le recul géographique et temporel, le caractère épique et hiératique de l'évènement biblique, et la beauté des noms judaïques — que je trouve cependant plus poussée dans Athalie, si je n'ai pas de fille que je pourrai appeler Esther j'appelerai mon garçon Joad ou Mathan — en font une tragédie extrêmement prenante. Esther, image forte de la femme, représente le dévouement pour son Dieu, sa foi dans ce qu'elle a de plus pur et de plus aimante. La religion est présentée sous une forme de paix, d'amour, et de piété dans son acception la plus abstraite, sans intervention divine finale, sans nombre extravagant de morts, sans violences comme en aurait commis le christianisme dès la naissance de cette religion.
Et cette beauté finale repose toujours sur l'image de la femme.