Et qu'advienne le chaos par Hurlalune
Ahhhh.... Un de ces livres lus la bouche ouverte (un signe qui ne trompe pas). L'histoire, sans en dire trop : Michael est un chercheur misanthrope, absolument pas sympathique, doté d'une intelligence hors du commun, mais incapable d'éprouver la moindre émotion. Il travaille sur la reconnaissance des iris, et avec April, une chercheuse londonienne, il met au point un procédé qui peut bouleverser le monde (je n'en dit pas plus, pas de spoiler ici !). Une course contre la montre commence quand April se rend compte que Mikael est parvenu à mettre leur théorie en pratique, mais que son seul objectif est de rester le dernier homme sur Terre...
L'entrée en matière est diablement réussie, l'auteur utilisant des techniques cinématographiques qui découpent le roman, du moins au début, en tranches de vie soigneusement horodatées, avant de changer de rythme et de passer à l'histoire proprement dite.
C'est là que je trouve Hadrien Klent très fort, parce qu'il parvient à nous mener par le bout du nez exactement là où il veut qu'on aille, et pas ailleurs, et on le suit (la bouche toujours ouverte), mis en appétit par ces morceaux choisis, ces snapshots, et sans avoir encore aucune idée de ce qui peut bien se tramer. Le lecteur est déjà bien avancé dans le roman quand ce filou d'Hadrien Klent daigne nous expliquer la Théorie des calques, et là, je dis"Chapeau".
Ce court roman est bourré de surprises, de suspens, (il y a même une histoire d'amour !) drôlement bien construit, et cette théorie des calques est juste géniale. Le tout servi dans une écriture impeccable (ne vous arrêtez pas au style "script" des premières pages, vous vous rendrez compte par la suite qu'il sert parfaitement l'histoire)
Et qu'advienne le chaos est le genre de livre (et ils ne sont pas si nombreux) qu'on ouvre et qu'on ne referme qu'après avoir tourné la dernière page. Et encore celle d'après en fait. Parce que oui, les mots, les histoires, la danse des points et des virgules, tout ça c'est beau, mais c'est encore mieux quand l'emballage est chouette. Et là je ne peux parler du livre-histoire sans parler du livre-objet, qui est une vraie petite oeuvre d'art. De la première de couverture à la quatrième, en passant par les pages de garde, tout est beau. Merci Hadrien Klent pour ce premier roman (je lui avais déjà dit mais je le redis), merci aux Editions Attila de nous faire de si beaux cadeaux.
Pour dire un mot d'Hadrien Klent : inconnu. C'est un pseudonyme, et si quelqu'un peut me dire qui se cache derrière, qu'il n'hésite pas. Ce n'est pas une nouveauté, puisque le livre est sorti je crois en 2010, mais ce qu'il y a de bien avec le Livre, même si certains ont tendance à l'oublier, c'est qu'un livre, contrairement aux yaourts, n'a pas de Date Limite de Consommation. Il ne vous donnera pas mal au ventre, ne sera pas aigre, ni moisi. Alors comme il est et restera à la librairie, ne boudez pas votre plaisir ...