Largement méconnu par rapport aux monuments que sont la Ferme des Animaux et 1984, Et vive l'Aspidistra est un roman de jeunesse qu'on serait tentés de classer sous la catégorie d'autobiographie déguisée. Il narre en effet la vie sans éclat de Gordon Greenstock, trentenaire aspirant écrivain et en révolte contre le système, symbolisé par l'aspisdistra qui est une plante trônant fièrement dans le salon des familles petites-bourgeoises anglaises. D'un pessimiste assumé, déclamant la vaine poésie des pensions glauques et des troquets enfumés, l'écriture d'Orwell révèle la banalité du tragique et les névroses du quotidien. Moins flamboyant que 1984 dans sa critique du totalitarisme, Et vive l'aspisdra semble en comparaison plus terrible car il ne se projette pas dans un contexte futuriste mais constate l'impossibilité de la révolte à l'époque où l'on vit.