Une fois n'est pas coutume, les éditions Gallmeister proposent à leurs lecteurs un voyage en Scandinavie, ça change des grands espaces américains. Mais les grands espaces sont quand même là, qu'on se rassure. Nous sommes en Norvège du Nord puis au Danemark.


La Norvège du Nord est une terre peu peuplée où l'on dénombre plus de rennes que d'humains. Mais des humains sont quand même là depuis des temps quasi immémoriaux : les Sames et les Kvènes, des peuples lapons nomades et éleveurs qui font figure de minorités sur un territoire où s'inscrit pourtant toute leur histoire.


Une histoire basée sur de belles légendes, gravées dans la mémoire des femmes du pays [tiens, ça me rappelle la magnifique chanson "Marie-Jeanne Gabrielle" de Louis Capart, fin du hors-sujet].


Kirsten, la jeune héroïne de ce roman initiatique a passé sa petite enfance au sein de sa famille same, sur les genoux de sa grand-mère qui lui a transmis oralement les traditions fantastiques et folkloriques du peuple de sa mère - qui a commis l'offense impardonnable de se marier à un Norvégien d'Oslo. Kirsten grandit donc avec la crainte incessante que des créatures non-humaines et souterraines viennent l'enlever pour l'entraîner de force dans les entrailles de la terre.


Cette éducation peu commune aura sur son développement d'enfant puis d'adolescente des conséquences telles qu'elles rendront sa nouvelle vie au Danemark, où son père refait sa vie en l'emmenant avec lui, plutôt difficiles en termes d'intégration. Kirsten, en plus de devoir apprendre une nouvelle langue, se sentira toujours à part, tout comme "Niels", le jeune réfugié vietnamien hébergé par sa belle-mère. Une complicité intime et profonde unira les deux enfants déracinés et exilés, chacun en quête d'une figure maternelle perdue dans un passé flou ou fantasmagorique.


"Et voilà tout" est un premier roman ; on a du mal à le croire tant le roman est bien structuré, bien écrit (et bien traduit), tour à tour coloré et angoissant. Surprenant. C'est un récit qui explore beaucoup de thèmes intéressants comme l'identité, la nationalité, le rattachement culturel, la mutation des civilisations, les flux migratoires et surtout les rapports entre enfants et parents.


Une belle découverte qui change agréablement des polars scandinaves qui se vendent à la tonne, prouvant ainsi que quand un éditeur veut bien s'en donner la peine, il peut ne pas céder à la facilité et dénicher des pépites.

Créée

le 2 nov. 2023

Critique lue 6 fois

Gwen21

Écrit par

Critique lue 6 fois

D'autres avis sur Et voilà tout

Et voilà tout
Gwen21
7

Critique de Et voilà tout par Gwen21

Une fois n'est pas coutume, les éditions Gallmeister proposent à leurs lecteurs un voyage en Scandinavie, ça change des grands espaces américains. Mais les grands espaces sont quand même là, qu'on se...

le 2 nov. 2023

Du même critique

La Horde du contrevent
Gwen21
3

Critique de La Horde du contrevent par Gwen21

Comme je déteste interrompre une lecture avant le dénouement, c'est forcément un peu avec la mort dans l'âme que j'abandonne celle de "La Horde du Contrevent" à la page 491 (sur 701). Pourquoi...

le 1 janv. 2014

67 j'aime

24

La Nuit des temps
Gwen21
10

Critique de La Nuit des temps par Gwen21

Je viens d'achever la lecture de ce petit livre qu'on me décrivait comme l'un des dix livres de science-fiction à lire dans sa vie sous peine de mourir idiot. Je viens d'achever la lecture de ce...

le 15 sept. 2013

55 j'aime

10

La Disparition de Stephanie Mailer
Gwen21
1

Critique de La Disparition de Stephanie Mailer par Gwen21

Jusqu'à présent, de Joël Dicker, je ne connaissais rien ou plutôt pas grand chose, c'est-à-dire le nom de son premier roman "La vérité sur l'affaire Harry Quebert". Depuis cette parution...

le 22 mai 2018

33 j'aime

8