Le méta-ennui
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Si la veille de votre suicide mûrement programmé vous sentez soudain monter en vous comme une vague de joie et d'espérance, précipitez-vous sur le beau livre "Ethan Frome " de Edith Wharton, il vous replongera sans problème dans le marasme et la dépression propice à votre funèbre entreprise. Car il faut le dire, "Ethan Frome" ne respire pas la joie de vivre. Loin du microcosme New-Yorkais de ses romans précédents, Edith Wharton nous emmène dans un Massachusetts hivernal , bucolique et assez sinistre. Son personnage , Ethan, que l'on découvre au tout début sous les traits d'un vieil homme aigri, a vécu en effet une histoire sinistre, dont le livre, vaste flash-back narratif, nous dévoilera la nature.
J'avais aimé "The age of innocence" et j'ai bien aimé aussi cet ouvrage, avec son intro intrigante et sa prose précise et presque désuète. Ce très court roman se lit d'une traite et c'est tant mieux car noir comme il est, il aurait "testé notre patience", comme disent les rosbeefs :-) Ethan est un jeune homme pauvre marié à une haridelle acariâtre et hypocondriaque au doux nom de Zenobia ... Sa pauvre maisonnée est bouleversée par la lumineuse présence de Mattie, une jeune cousine de Zenobia qui tient le rôle de servante. Ethan et Mattie sont " in love" et Edith Wharton nous le fait comprendre avec moultes passages ultra-sucrés.
Le désespoir que distille ce roman tient à l'impossibilité pour ses deux tourtereaux de s'avouer leur amour d'une part, de le concrétiser d'autre part et enfin de sortir de la prison où les tient la présence funeste de Zenobia. Dans un assez agaçant va-et-vient , on les entend soupirer sans que ni l'un ni l'autre ne trouve une solution à leur problème. C'est assez surréaliste en fait, ces deux âmes éthérées et pourtant enchaînées à la lourde carcasse d'une hypocondriaque en manque de médicaments :-) On mettra cette situation infernale sur le compte de la societé victorienne qui semble s'accrocher encore dans les campagnes américaines du début du siècle.
Il y a peu d'histoire, mais celle qui existe vous agrippe assez bien je trouve, et on souffre pour nos deux malchanceux tout en maudissant leurs soupirs peu courageux et le destin qui les accable (Zenobia aurait pu s'appeler Belzebuth, pour le rôle qu'elle joue !). Perso je trouve trop de pathos à cette histoire qui a un final assez détonnant malgré tout. Je recommande doucement, c'est pas un indispensable, mais si vous aimez Wharton, par contre , vous vous devez de le lire.
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le 17 déc. 2016
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