Matrice de n'importe quelle pensée pertinente.

L'Éthique peut effrayer au vu de sa forme dite géométrique, de son jargon théologique hérité de la métaphysique d'Aristote, et surtout des préjugés qu'on a de Spinoza, qui dans l'imaginaire n'est qu'une espèce d'ermite banni de sa propre communauté, et exprimant du haut de sa tour d'ivoire son déterminisme qui, bannissant les notions de mérite, de libre-arbitre, de responsabilité, légitime toutes les actions, bannit les notions de bien et de mal et nous incite à glander dans notre lit.

Tandis que les deux premières raisons créent effectivement une peur légitime, la troisième proposition n'est qu'un agrégat de vagues préjugés, provennant du premier genre de connaissance, par pure anecdote et par ouï-dire, pour parler en des termes purement spinozistes. Spinoza essaye surtout de poser les conditions d'une liberté, dans un monde totalement déterminé par les lois de la Nature, et corollairement, les conditions d'une joie et de bons affects laissant place à des actions et des réfléxions riches, mûres et efficientes dans un monde sombre, vantant son ignorance. Questionnements et remarques qu'un certain moustachu à lunettes reprendra, par ailleurs.

Et Spinoza, réussit son pari en dépassant avec une telle radicalité les notions de Bien et de Mal, l'illusion d'un libre-arbitre absolu que le petit individu moderne possède, l'illusion d'un architecte barbu transcendant créeant des miracles, et surtout l'illusion de la finalité qui leurre notre propre cogntion face à un monde en perpétuel changement. Sans omettre que le marrane renégat allie avec subtilité la science et la religion, l'Être et le Devenir, le hasard et la nécessité, la liberté et le déterminisme, la raison et les affects, le corps et l'esprit, l'égoïsme et l'altruisme, la spontanéité et la réflexion... Son monisme est tellement radical qu'il en vient à allier toutes les dichotomies que dans un premier abord, étaient certainement vues comme incompatibles.

L'ouvrage est dans tout les cas un immanquable, qui de une forge un état d'esprit hollistique permettant de comprendre toutes les structures environnantes ainsi que les rapports entre les individus qui les composent, et qui de deux a initié le mouvement qui tua la transcendance, représenté entre-autre, par Hume, Schopenhauer, Nietzsche ou même Marx. Spinoza est à compléter non seulement avec ces penseurs, mais surtout avec le vénérable Laborit, le génial Sapolsky, l'honorable Monod, et surtout avec le très pénétrant béarnais.