Je me rappelle encore lorsque, jeune étudiant fougueux de première année de licence, j'ai voulu me lancer dans la lecture de Être et Temps. Un mur infranchissable semblait se dresser devant moi : je ne comprenais ABSOLUMENT rien, j'avais l'impression d'être devant l'oeuvre d'un fou. Mais je savais que ça devait venir de moi puisque mes professeurs semblaient pouvoir en extraire des informations.
Être et Temps est un mythe à plusieurs niveaux. C'est le livre qu'on cite pour faire peur aux non-initiés, c'est celui d'un auteur qui s'est compromis avec le régime nazi, c'est le livre qui fit naitre Sartre...
Que s'y passe-t-il lorsqu'on arrive finalement à accéder à son contenu ?
On est frappé de la concrétude de ses analyses. En effet, passé l'obscurité du vocabulaire, il apparait que celui-ci sert justement à coller au plus prêt de la réalité-humaine dans sa totalité concrète qu'est le dasein.
Si ça vous intéresse, j'ai pris un immense plaisir intellectuel à lire cette oeuvre d'une telle envergure. Il faut dire que c'est aussi bon pour l'ego quand tu atteints la dernière page en te disant que t'as plus ou moins compris.
Pour lire Être et Temps et pour lire Heidegger en général, il faut pouvoir faire abstraction, à certains moments, de nos présupposés lexicaux intellectuallo-centrés. C'est à mon sens le plus difficile dans la lecture de son oeuvre.
Riche, captivant et indispensable pour comprendre l'histoire de la philosophie continentale contemporaine, il faut lire Être et Temps, il faut faire l'effort de pénétrer cet étrange complexe qui semble nous échapper au premier abord.