Imre Kertész est un écrivain hongrois, juif, qui a vécu l'enfer de la déportation et des camps de concentration. Il est passé par Auschwitz et Buchenwald, s'en est sorti vivant et a pu rentrer chez lui. Cette expérience nourrira toute son oeuvre avec un roman phare qu'est devenu Être sans destin.


J'ai déjà eu l'occasion de lire quelques ouvrages traitant de la Shoah mais jamais en abordant un point de vue comme celui-ci, par l'absurde.


Il y a un décalage constant entre ce que sait le narrateur et ce que sait le lecteur. La déportation est ici vécue de manière normale, presque comme une farce. La rafle se fait dans la bonne humeur et lorsque le héros de l'histoire se rend compte qu'il ne rentrera pas, il aurait aimé voir la tête que sa belle-mère tire en voyant qu'il est absent pour le repas, les prisonniers de camp de concentration sont d'abord remarqués comme des criminels que l'on aurait enfermés là, la sérénité des soldats allemands a quelque chose de rassurant, etc.


Il y a une grosse distanciation par rapport à la barbarie et à l'horreur. Il y a véritablement une forme de second degré permanent, presque sans émotion. C'est peut-être le petit défaut du livre, j'aurais aimé un peu plus de sentiment d'émotion, semé avec parcimonie évidemment même si je comprends ce choix de Kertész. En effet, dans l'absurdité des camps, face à la haine, comment croire que l'homme qui vous extermine est rempli d'émotion ou de sentiments.


L'ouvrage se conclut par le personnage qui se retrouve libre dans Budapest, dans cette foule qui vit et qui vibre, dans une normalité qui effraie le héros et qui en viendrait à regretter l'ordre des camps de concentration. Absurde jusqu'à la dernière ligne.

batman1985
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le 31 août 2020

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