Eugène me fait de la peine.
Eugène, dandy russe, citadin désabusé, jeune homme oisif, erre comme une âme en peine.
Ne pouvant entendre que certains éprouvent des sentiments qu'il se trouve bien en peine de connaître, il n'accorde que peu de crédit aux souffrances mêmes qu'il engendre.
Disparaissant des écrans radar pendant un certain temps après un épisode tristement sanglant, il aurait aimé que le monde n'attende que son retour parmi les vivants... il a été un peu trop long à la détente.
La leçon est rude et accompagnée d'une amère ironie.
Il n'aura pas été le seul à pâtir de son, quoi, snobisme ? indolence ?
Ce n'est pas parce-qu'il ne souhaitait pas toucher le monde qu'il ne l'atteignait pas. Il aurait aussi bien pu toucher le bonheur "et le bonheur était si proche, si possible".
Le tout porté par un texte en vers que j'aurais aimé pouvoir savourer en russe, des personnages réduits à leur fonction sans être pour autant caricaturaux, et une atmosphère typique des romans russes avec samovar, séjour à la campagne, duel pour un motif des plus discutables, bal avec chaperons et médailles militaires.
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