Analyse d'un phénomène de société apparu il y a quelques années et qui va en s'accélérant: d'une part, certains français ne se sentent plus "chez eux" (62% selon un sondage d'il y a quelques années), d'autre part l'expatriation progresse et les regards se tournent de plus en plus vers les pays européens voisins ou plus lointains. Percevant la France comme un pays en pleine déliquescence économique, politique, sécuritaire et ethnique, certains citoyens en viennent paradoxalement à se considérer "européen" avant d'être "français". Sans doute trouvent-ils dans cette autre Europe un passé rêvé, peut-être fantasmé, dans lequel ils souhaitent se réfugier pour fuir leur présent. L'analyse de société me paraît pertinente et actuelle.
L'auteur, bien connu pour ses positions européanistes tranchées et son travail à l'institut Illiade, avance alors la théorie selon laquelle un Européen est chez lui n'importe où en Europe, puisque tous partagent une même base ethno-civilisationnelle. Voir même que ce mouvement d'expatriation, loin d'un replis identitaire, serait l'étape nécessaire vers le "ressourcement" de la vieille civilisation. Véritable manifeste politique, on ne peut pas dire que J-Y Le Gallou s'embarrasse de la contradiction. Les auteurs gréco-latins sont-ils encore lus et connus ? Le christianisme est-il vraiment le même de la France laïcisée à la Pologne conservatrice ? L'Europe est-elle plus homogène ethniquement que le bassin méditerranéen ? Est-ce que les Russes d'aujourd'hui sont réceptifs à ce message européaniste ?
Ce qu'on tient entre les mains, c'est plus une pétition de principe qu'un constat factuel. En somme, plus ce que l'auteur souhaite voir advenir que ce qui existe déjà.