Rester perplexe, intrigué, interdit, curieux devant une vieille photographie dénichée au fond d'un album, à qui cela n'est-il pas arrivé ? Plus la photo est sépia, plus ses bords sont crénelés, plus sa surface est craquelée et plus elle nous fascine, éveillant notre intérêt et débridant notre imagination. Les successions sont des moments particulièrement propices pour ce genre de découvertes, qui s'auréolent alors de toute la charge émotive des circonstances.
Hélène, suite au décès de son père, découvre une photo d'un couple qu'elle ne connaît pas. Elle soupçonne que la femme est sa mère, morte alors qu'elle était enfant et dont elle ne garde que très peu de souvenirs. L'homme ? Un inconnu. Hélène est remuée et passe une annonce dans un grand quotidien national comme on jette une bouteille à la mer, sans réel espoir de réponse. Mais Stéphane va lui répondre. L'homme non-identifié est son père. Débute alors pour Hélène, en France, et Stéphane, en Angleterre, une correspondance qui va les amener à fouiller le passé, à le rencontrer, à l'affronter et à le digérer.
Ce premier roman est bien écrit malgré une pointe d'affectation, et la narration est bien structurée, ce qui n'est jamais gagné d'avance avec un roman épistolaire. Moitié sur papier, moitié numériques, les échanges entre les deux protagonistes sont crédibles et on ressent bien le crescendo d'une complicité puis d'une intimité entre eux.
Le sujet est banal, il s'agit de traiter d'une passion contrariée et d'un adultère. Et pourtant, l'auteure a réussi à bien doser ses ingrédients et à équilibrer secrets, évocations du passé, déductions, tout en construisant une trame propre autour de ses deux protagonistes.
Pour des raisons toutes personnelles, je n'ai pas toujours été à l'aise avec ce récit ; il a généré en moi des émotions que j'aurais préféré ne pas éprouver. Des émotions éprouvantes. Toutefois, c'est un beau récit qui s'inscrit dans son époque en abordant la sociologie des années 50 à 70.