Une histoire d'amour
Plusieurs fois, j'ai reposé "Eva" en plein milieu de la lecture, sentant comme une nécessité de réfléchir aux dernières pages que j'avais lues : non pas à leur contenu, mais bien plutôt à leur...
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le 30 oct. 2016
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Plusieurs fois, j'ai reposé "Eva" en plein milieu de la lecture, sentant comme une nécessité de réfléchir aux dernières pages que j'avais lues : non pas à leur contenu, mais bien plutôt à leur écriture, à ce qu'on appelle communément le "style littéraire" de Simon Liberati. Et d'admettre que cela faisait certainement des années que je n'avais pas ouvert un livre aussi "bien écrit", je veux dire par là au sens "classique" du terme, quelque part entre l'incandescance romantique du XIXe siècle et la divine élégance de Proust. C'est faire bien des compliments à Liberati, me direz-vous ? Je ne crois pas, je pense au contraire qu'il faut lui reconnaître ce talent - que bien des lecteurs modernes qualifieront de préciosité -, et qui est la meilleure raison de lire "Eva". La seconde raison, c'est bien évidemment l'intelligence et la sincérité absolue avec laquelle Liberati parle de son amour pour Eva Ionesco, nous transmettant à chaque page qui lui est consacrée cette fièvre qu'il ressent pour elle, après qu'ils aient tous deux effectué un si long chemin d'abord en parallèle, puis l'un vers l'autre : il y a des pages de "Eva" qui sont les plus belles pages d'amour que j'aie jamais lues, tout simplement. Enfin, il faut admettre aussi que les vétérans - comme moi - de la guerilla punk parisienne trouveront ici nombre d'épisodes mettant en scène des personnages-clé de l'époque (Yves Adrien, Edwige, etc.), leur permettant de verser une petite larme - ou d'ébaucher un petit rictus - nostalgique. Et tout cela, c'est quand même beaucoup pour un petit livre de 220 pages, non ? Alors oui, on peut admettre les arguments des contempteurs de "Eva" : la pédanterie littéraire (on peut d'ailleurs avoir évidemment des avis différents de ceux de Liberati sur les écrivains et les philosophes qu'il cite abondamment...), et surtout le manque de "structure" de la seconde partie du livre, qui semble souvent relever de "l'écriture automatique:"... C'est néanmoins peu de choses à mon sens, par rapport à la réussite exemplaire d'un livre qui transforme une figure scandaleuse en une divine égérie et une femme somptueuse. Un enchantement. [Critique écrite en 2016]
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le 30 oct. 2016
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