Si je vous dis "Colombie", il y a des chances que vous répondiez : jungle, trafic de drogue, violence, Gabriel Garcia Marquez. En tous cas, c'est ce que moi j'aurais répondu si vous m'aviez dit "Colombie".


Pays hostile, et donc inhospitalier pour les non-initiés s'il en est. Et ce n'est pas Antonio Ungar, l'auteur de "Eva et les bêtes sauvages" qui me contredira.


Son roman a beau ne compter que 175 pages, c'est un uppercut en pleine poitrine. Condensé de violence, de corruption, d'oppression et de malversations en tout genre, le roman a des allures de thriller même si on est hélas dans du fait réel ; événements sanglants survenus à Puerto Inírida, aux portes de la jungle amazonienne, du 17 au 21 novembre 1999.


Dans un contexte hallucinant d'âpreté malsaine et d'iniquité manifeste, huit personnages en quête de rédemption ou de survie se retrouvent au centre d'un foyer de guerre ouverte entre paramilitaires et guérilleros qui courent après l'éternelle illusion de l'Eldorado, dans la jungle humide et sur ses fleuves titanesques. La vie des mineurs et des orpailleurs ne pèse pas beaucoup plus que celle des indiens indigènes ou des aventuriers de tout poil.


"De 1964 à 2016, la guérilla communiste des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) a mené une guerre brutale contre les forces de l'Etat colombien. A partir des années 1980, les principales factions de l'armée se sont alliées aux armées paramilitaires d'extrême droite, financées par de grands groupes économiques, légaux comme illégaux. Pour s'approvisionner, les guérillas, de leur côté, ont eu recours aux enlèvements, au trafic de drogue et au vol d'essence, entre autres. L'exploitation minière, légale et illégale, a constitué un carburant efficace pour les deux camps. Le résultat de ces cinquante-deux années de combat est le suivant : 7 134 000 personnes déplacées ; 983 000 morts ; et 166 000 disparus. Le 26 septembre 2016, un accord de paix définitif a été signé. Les groupes qui ont investi leur argent dans la guerre sont toujours en place."


Le roman n'est pas si facile à lire tant le verbe est violent et terriblement réaliste. Ames sensibles, s'abstenir. La grande désespérance qui marque le destin de chaque protagoniste de son sceau brûlant n'épargne pas le lecteur qui se pince pour ne pas oublier qu'il s'agit de la réalité d'un peuple. Les bêtes sauvages les plus voraces et féroces qui peuplent la jungle ne sont pas celles auxquelles on s'attend de prime abord.


Gwen21
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Challenge MULTI-DEFIS 2024 et 2024

Créée

le 3 févr. 2024

Critique lue 29 fois

1 commentaire

Gwen21

Écrit par

Critique lue 29 fois

1

D'autres avis sur Eva et les bêtes sauvages

Eva et les bêtes sauvages
Nadouch03
7

Critique de Eva et les bêtes sauvages par Nadouch03

On rencontre Eva blessée grièvement, prostrée au fond d'une barque, en grand danger. Puis sa vie se déroule, son passage du monde privilégié des villes, à la campagne sous contrôle des Farc et des...

le 3 févr. 2024

Eva et les bêtes sauvages
Gwen21
7

Critique de Eva et les bêtes sauvages par Gwen21

Si je vous dis "Colombie", il y a des chances que vous répondiez : jungle, trafic de drogue, violence, Gabriel Garcia Marquez. En tous cas, c'est ce que moi j'aurais répondu si vous m'aviez dit...

le 3 févr. 2024

1

Du même critique

La Horde du contrevent
Gwen21
3

Critique de La Horde du contrevent par Gwen21

Comme je déteste interrompre une lecture avant le dénouement, c'est forcément un peu avec la mort dans l'âme que j'abandonne celle de "La Horde du Contrevent" à la page 491 (sur 701). Pourquoi...

le 1 janv. 2014

66 j'aime

24

La Nuit des temps
Gwen21
10

Critique de La Nuit des temps par Gwen21

Je viens d'achever la lecture de ce petit livre qu'on me décrivait comme l'un des dix livres de science-fiction à lire dans sa vie sous peine de mourir idiot. Je viens d'achever la lecture de ce...

le 15 sept. 2013

55 j'aime

10

La Disparition de Stephanie Mailer
Gwen21
1

Critique de La Disparition de Stephanie Mailer par Gwen21

Jusqu'à présent, de Joël Dicker, je ne connaissais rien ou plutôt pas grand chose, c'est-à-dire le nom de son premier roman "La vérité sur l'affaire Harry Quebert". Depuis cette parution...

le 22 mai 2018

33 j'aime

8