Encore une fois, R. J. Ellory choisit de nous raconter l’histoire d’un homme, vraiment bien, que la vie va prendre dans l’engrenage d’un milieu violent, où tous les coups sont permis pour s’affirmer, des puissants parmi les laissés-pour-compte, pouvant lui faire perdre ce à quoi, il est le plus attaché.
La scène inaugurale décrit Nelson Garett dans le couloir de la mort dans une attente insupportable. Puis, R. J. Ellory choisit de nous raconter sa vie comme adjoint du Shérif d’une petite ville de province, quelques années plus tôt.
Un accident de travail lors d’une filature, devant démanteler un réseau de drogue, va le rendre boiteux, malgré la rééducation. Obligé de changer de métier, sa kinée, Hannah, qui deviendra au fil des pages bien plus, l’introduit dans le monde feutré des matons dans une prison très particulière.
Southern State est une prison réputée de haute sécurité située dans le comté de Miami-Dade en Floride, complètement entourée de marécages, les Everglades. Un monde à part, construit comme une ville avec sa chapelle, sa bibliothèque ou sa clinique. Une immense étendue où la violence est omniprésente, mais doit être canalisée pour garantir son projet, sécuriser la société. Tout y est filmé, analysé et connu. Toute erreur peut prendre des proportions ingérables, pouvant compromettre la vie, notamment des gardiens.
Nelson Garett intègre cet univers, où la nature humaine y est exacerbée, développant ses haines et ses amitiés. Néanmoins, le passé n’est jamais loin et le nouveau gardien retrouvera son instinct d’enquêteur pour un détenu dans le couloir de la mort que tout semble innocenter.
Dans ce lieu où la justice des hommes s’incarne pour protéger la société, R. J. Ellory force son lecteur à s’interroger sur le sens profond de son pouvoir, ses failles et ses erreurs. Mais, c’est à la peine de mort que l’écrivain force son lecteur à s’interroger. Pour rappel, la peine de mort est encore utilisée dans certains Américains.
De plus, au moment où l’on parle de « déportation » aux États-Unis, d’un nouveau « bagne » à Saint-Pierre-et-Miquelon et d’une prison modèle où les hommes sont considérés moins bien que des chiens, R. J. Ellory prend le contre-pied et illustre les conditions de détention et d’incarcération du milieu pénitentiaire.
R. J. Ellory interroge ainsi l’éthique de chacun et son seuil de tolérance devant l’injustice constatée, y compris dans un univers aussi violent qu’une prison.
En explorant les ressorts de la nature humaine, R. J. Ellory livre sa « comédie humaine », toujours profondément humaniste, porteuse d’espoir même si le monde environnant est désespérant de noirceur. Roman noir encore très réussi !
Chronique illustrée ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2025/04/11/r-j-ellory-evergaldes/