Je ne tenterai pas une énième critique "à la manière de" en proposant des exercices de styles du haut de mon originalité inexistante. Enfin, si, je vais le faire, mais en vous contant, de manière très personnelle, une histoire tout aussi personnelle qui, peut-être, est vraie.



Je suis un mot. Je suis à côté d'autre mots et ensemble, nous fournissons à ce petit garçon un sens, qui le touche ou qui ne le touche pas. Nous finissons notre route quand il tourne la page et pourtant, nous le sentons, que notre chemin commun n'est pas fini, que l'on a beaucoup de choses à vivre ensemble.




Je suis un livre, je suis là, depuis longtemps. Je passe, de mains en mains, d'étagères mal époussetées en étagères mal époussetées. Je suis ici mais je suis aussi là, dans la tête de mon précédent propriétaire, je résonne encore, dans les paumes engourdies de mon actuel, je déploie l'étendue de mon imaginaire à ses yeux curieux et espiègles. Je suis ce livre, mais je peux être un autre.




Alors j'ai lu le livre. Alors il m'a donné envie de lire. Alors, j'ai feuilleté les pages jaunies par le temps d'un vieil ouvrage qui trainait, nonchalamment, posé sur l'étagère de chez ma grand-mère, à côté d'une pile de vieux journaux. Alors, comme ça, mine de rien, l'objet s'est transformé en passeur de rêve intergénérationnel. Alors, je l'ai gardé.




Un beau jour, sous un abat-jour, mes yeux parcourent les pages que la lumière détoure. Il s'agit d'un tour, du destin, que l'amour d'une mamie a permis ce parcours d'une ouvrage qui entoure, pour toujours, la passion d'un lecteur.




Ce n'était ni une bande dessinée, ni une cassette mais un livre que le temps n'avait pas préservé intact. Ce n'était ni le résultat d'une recherche approfondie ni une transmission familiale mais une rencontre singulière et inédite entre un jeune garçon et un beau livre.




Ce jour là, sous la lumière blanche d'une lampe de bureau, l'enfant brun, attablé à un bureau rouge. Ses yeux marrons croisèrent la couverture vertes d'un livre aux pages jaunes. Ce livre, il le saisit de ses mains bleuies par le froid, un marque page dorée tomba. Sur ce marque page, l'on devinait à peine les mots , à l'encre noir qu'avait appliqué son propriétaire.




Je suis le temps, je suis sournois et si beau à la fois. J'ai vu grandir les uns et mourir les autres. Aujourd'hui, je vois que ce petit garçon a grandi, qu'il retrouve les étagères poussiéreuses de chez sa mamie, qu'il se pose dans le fauteuil qui jouxte la pile de journaux, qu'il pleure en repensant à son enfance, un livre dans les mains.



9, les larmes d'un enfant/10

Jekutoo
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le 1 mai 2019

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