Avec Exodes, Jean-Marc Ligny, tel l'haruspice fouaillant le futur dans les entrailles fumantes de ses victimes, nous convie à entrevoir l'avenir qui nous est promis.
En effet, notre inaction climatique et celle de nos gouvernants nous conduisent inexorablement vers une catastrophe annoncée depuis des décennies. Quelle forme prendra t'elle ? Quels en seront les prémices ? A quel point l'humanité sombrera t'elle dans les affres de la sauvagerie ? Autant de questions qui demeurent encore un peu floues.
Jean-Marc Ligny nous invite donc à observer ce que nous connaîtrons sous peu, lorsque le climat, totalement déréglé alors, nous privera d'énergie, de nourriture, de faune et de de flore. Des miettes qui subsisteront les rescapés feront leur festin fugace, avant de s'abandonner à la bestialité la plus abjecte. Le tableau terriblement déprimant que dresse l'auteur m'apparaît d'un singulier réalisme, le pire étant le plus probable. Ses personnages sont égarés aux quatre coins du monde, survivants d'une ère révolue où la pénurie n'était pas encore la règle. Les diverses formes de communautés qui prennent forme étant basées principalement sur la prédation, pratique humaine ancrée de longue date. L'espoir qu'ils nourrissent, pourtant bien mince, semble chevillé au corps de ces humains qui n'ont pas encore régressé au stade primaire. Le monde étant devenu invivable, l'enfer est et sera leur lot, la récompense pour les actions passées de leurs ancêtres qui ont bu jusqu'à la lie ce que mère nature avait mis à leur disposition. Dans ce roman d'anticipation, il est trop tard pour une humanité exsangue qui n'a rien voulu faire alors que les signaux d'alertes se multipliaient.
Aujourd'hui déjà, la chute a commencé. Certains ne veulent pas encore contempler la vérité en face et Jean-Marc Ligny, avec un implacable réalisme, la dessine pour nous de sa plume mortifère.
Ames sensibles et idéalistes s'abstenir. Ceci est votre avenir sans fard.