Attention, ma critique contient des spoilers.
J'avais très envie de lire ce livre car l'auteur, lui même, a dit s'être inspiré et avoir été nourri par Le Messager de L.P Hartley, un roman que j'aime beaucoup.
On y retrouve, d'ailleurs, un passage où un jeune enfant (ici Briony) est entouré par deux jeunes adultes qui l'utilisent pour porter une lettre. On retrouve également un même cadre (une jolie propriété bourgeoise de Londres).
Malheureusement, et malgré les qualités d'Expiation, je ne suis pas autant conquis. J'ai beaucoup aimé la première partie, dans la jeunesse de Briony, quand elle a 13 ans, ainsi que l'épilogue en 1999. Ce roman, est en effet, parsemé de plusieurs élipses temporelles très importantes. Disons que le récit se déroule à 3 moments, une (composée de trois segments) au milieu des années 30, une pendant la guerre et une beaucoup plus petite qui clôture le livre tout comme elle cloture le 20è siècle.
Je trouve que la façon dont on comprend, à travers les yeux de Briony, ce qu'il se passe (pour elle) et la façon dont l'auteur, d'une façon presque implacable nous permet de comprendre ce qu'il va se passer et ce que Briony va faire. Je ne vais pas dire qu'on la comprend, mais on n'est pas surpris pour autant. L'auteur a disposé toutes les pièces pour que le mensonge de Briony (qu'il soit conscient ou non) soit accepté. Toutes les scènes sont décrites parfaitement. De l'agacement de Briony qui essaie de monter sa pièce, de Lola qui cherche à se faire une nouvelle vie loin de sa maison, à Robbie et Cee qui eux se découvrent un amour, avec notamment la scène de la piscine et du vase.
Toute cette partie est remarquablement écrite et se termine par le mensonge de Briony.
Et l'auteur fait le choix de faire un saut dans le temps conséquent. Cela peut être intéressant de voir les retombées du mensonge des années plus tard sur les trois protagonistes mais les trois segments (la vie de Cee, la vie de Briony et celle de Robbie) ne parlent pas tant que ça du mensonge. Alors, oui, bien sûr, on en parle. Mais on est beaucoup plus sur le thème de la guerre (Robbie au combat, Briony infirmière...) qu'autre chose. C'est presque un nouveau roman qui débute, où l'histoire de l'enfance des trois personnages est presque un détail. Je me suis surpris à lire des pages sans réellement m'intéresser à ce qu'il se passait et à reprendre de l'intérêt lorsque, justement, le mensonge de Briony revenait au coeur du récit, comme lors des retrouvailles entre les deux soeurs.
Cette partie centrale sera justifiée à la fin du livre, quand l'auteur nous apprend que Cee et Robbie sont morts. C'est vraiment d'une grande originalité car le roman joue beaucoup avec ce qu'est la fiction et ce qu'est le réel. Ici, nous avons dans les mains une sorte de roman hybride (ok, c'est une oeuvre de fiction, mais justement, l'auteur parvient à faire de son oeuvre de fiction une oeuvre hybride) qui comprendrait également une partie écrite par un personnage à l'intérieur. C'est comme si Ian McEwan avait laissé sa plume à son personnage, Briony, pour lui permettre de reprendre le cours de son récit et de pouvoir rajouter des parties. Comme si ce personnage de fiction avait pris vie et que le véritable auteur lui avait donné l'autorisation de modifier son histoire, car Briony, le personnage de fiction, refusait de voir un destin aussi sombre pour sa soeur et son fiancé. C'est vraiment une idée passionante et qui redonne un souffle nouveau à ces textes centraux qui me semblaient moins intéressants.
Le livre est donc passionant dans son ingéniosité, mais pas toujours dans sa lecture.