L'une de mes premières lectures de l'univers de la fantaisy. Lecture d'une petite merveille.
De la même façon que les Fées vous enchantent et vous paralysent jusqu'à ce que tout votre corps et votre âme répondent à leurs ordres; j'ai été captivé, prise d'une véritable addiction.
Si bien que, j'ai eu bien du mal à arrêter de tourner les pages, un peu comme ces enfants à qui on retire des sucreries.

J'ai achevé ma lecture, hier au soir. Je l'ai dévoré. Il y-a quelques temps, la fantasy se résumait à des fées gentillettes et mièvres. En somme, le monde des bisounours. L'univers se trouvait aux antipodes du mien songeais-je.

Vaste ignorance, la fantaisy ce n'est point ça. Et sans le savoir, cet univers faisait parti du mien puisque j'aimais Star Wars, puisque j'aimais "Le Songe d'une Nuit d'été", puisque j'aimais Le Seigneur des Anneaux. Complexité humaine, que vous dire d'autre.

Parfois les rencontres forgent une destinée. Un passionné de fantaisy, un mec qui s'y connait, m'a dirigée vers ce one-shot paru en 1989 en France, édité aux Presses de la Cité et réédité chez Bragelonne de 2007.

Imaginez, une famille américaine. Phil le père, scénariste reconnu d'Hollywood et Gloria la mère, ancienne actrice qui a interrompu sa carrière (par manque d'ambition) sont parents de jumeaux Sean et Patrick âgés de huit ans et de Gabbie la vingtaine, fille de Phil, riche héritière qui passe ses vacances universitaires avec sa famille.
Phil, dégoûté par le monde des requins Hollywoodiens décide de revenir aux sources. A la fois en se consacrant à son premier amour: l'écriture et revenir dans la ville de son enfance.
Il acquiert pour quelques bouchées de pain d'une vielle ferme isolée au milieu de la forêt. Ancienne ferme d'un mystérieux allemand nommé Kessler qui a vécu ici durant des décennies, si bien que la propriété est nommé "La Ferme Kessler".

Le roman s'ouvre au moins de mai pour s'achever en novembre. Soit six mois. Le lecteur comprend que ces six mois ne sont pas choisis au hasard. Trois jours sont importants pour le bon et l'ancien peuple: le 1er mai, le 21 juin & le 1er novembre.

La force de l'écriture de Feist est ce glissement progressive vers la fantaisy. Au début ce sont des légendes: la chose noire sous le pont aux Trolls qu'on pense être un raton laveur, les contes pour enfants qu'un vieux Irlandais aviné raconte aux enfants. Pour se glisser progressivement à des manifestations "concrètes." Les premiers à y être sensibles sont les enfants. Les manifestations sont loin d'être féeriques, bienveillantes. Une force maléfique les observe, les épie et semble vouloir les anéantir.
La particularité de ces manifestations, de ces évènements sont que les victimes n'ont plus aucuns souvenirs de leurs terribles agressions. La description de l'agression de Gabbie dans la grange est d'une telle beauté dans l'emploi des mots. C'est ça le monde féerique, une beauté surnaturelle, une attirance indescriptible pour les mots mais de cette même de beauté résulte la mort. Beauté, harmonie et terreur ne font qu'un.

Outre cette force des ténèbres, de l'absolue horreur, il y-a tout une enquête qui est menée à propos de l'ancien propriétaire de la ferme: Kessler.
Qui est ce mystérieux Allemand? Immigré en 1900, les circonstances semblent troubles quant à sa venue sur le sol américain. Une rumeur dit même qu'un trésor serait caché sur la propriété des Hastings.
Une enquête sur fond de bonne humeur familiale, d'apprentis Indiana Jones est alors menée par toute la famille dirigée par Marc un éminent chercheur & de son assistant afin de mettre en lumière la vérité.

Mais la trouvaille est inquiétante. Le danger ne vient plus que des bois mais de l'extérieure: une mystérieuse confrérie d'une force ancestrale et supérieure est découverte par les deux chercheurs.

Le danger est donc multiples. D'où le coup sera t-il porté en premier?

L'aisance de l'écriture de Feist fait l'aisance de la lecture. J'avais la sensation de ne pas lire. J'étais dans un état d'inconscience. Il faut donc saluer le travail des traducteurs également.
J'ai particulièrement le glissement vers le fantastique. Cela m'a rappelé Stephen King par cette même et inquiétante boule au ventre qu'il sait remuer chez le lecteur. Feist n'est pas en reste! Il a su me faire frémir,
du début à la fin. Adieu gentilles fées, j'ai été moi aussi enchantée par elles. J'ai beaucoup apprécié le travail de conteur de Fest, revenir aux anciennes légendes irlandaises, celtiques, gaéliques.

Que dire d'autre? Ah si, ce livre est à conseiller pour les personnes qui comme moi semblent hermétiques au genre. En espérant que comme moi ils veulent par la suite poursuivent l'aventure dans le genre.
EmilieJBlondel
9
Écrit par

Créée

le 29 juil. 2013

Critique lue 487 fois

3 j'aime

E. Capocci

Écrit par

Critique lue 487 fois

3

D'autres avis sur Faërie

Faërie
Tídwald
3

Critique de Faërie par Tídwald

J'ai retiré une vague impression de vulgarité de cet ouvrage, comme si Feist avait collé du rouge à lèvres à paillettes, une jupe ras la foune et des talons hauts à la reine de Faërie pour la coller...

le 21 déc. 2011

2 j'aime

Faërie
Le-Maitre-Archiviste
10

Le merveilleux n'est pas pavé de bonnes intentions

À tout ceux qui croyaient que le genre littéraire du merveilleux se résumait seulement à une mièvrerie suave, je vous l'annonce : vous avez été floués, et Raymond E. Feist vous le prouve. Cet auteur...

le 4 mai 2022

1 j'aime

Faërie
Au_Baz_art_des_Mots
6

Un classique destabilisant

Il était une fois une ferme au bord d’une grande forêt verdoyante. Une famille reconstituée, qu’on peut qualifier de bobo, emménage pour se créer un nouveau départ. Entre la crise d’adolescence de...

le 2 mars 2018

1 j'aime

Du même critique

Aurais-je été résistant ou bourreau ?
EmilieJBlondel
8

Critique de Aurais-je été résistant ou bourreau ? par E. Capocci

Pierre Bayard, universitaire à Paris VIII s'interroge sur les agissements qu'il aurait pu avoir lors de la Second Guerre Mondiale?Combien de fois, cette question a t-il été posé? Combien de fois,...

le 29 juil. 2013

4 j'aime

Le Crime d'Orcival
EmilieJBlondel
7

Critique de Le Crime d'Orcival par E. Capocci

Le crime d'Orcival est paru en 1866 sous la plume d'Emile Gaboriau, considéré comme le père de la littérature policière. L'agent de Surêté Lecoq, investigateur de génie aux méthodes quelques peu...

le 13 août 2013

3 j'aime

Travail soigné
EmilieJBlondel
9

Critique de Travail soigné par E. Capocci

Premier roman de la trilogie Verhoeven et premier roman primé de Pierre Lemaitre à Cognac, en 2006, Travail soigné est un titre ô combien contradictoire face à l'horreur contre laquelle Verhoeven,...

le 1 août 2013

3 j'aime