Faillir être flingué par GuixLaLibraire
La lecture de Faillir être flingué était jouissive, c’est l’histoire de la bonne fortune au Far West, d’une utopie et de ses aléas, les raids indiens sur les troupeaux de bœufs, les vols de moutons, les picoles au bar à putes et les conversations de comptoir bien arrosées.
C’est aussi l’écriture, belle, fluide, dansante à certains moments de Céline Minard, qui donne sa cohérence au roman. J’aurais peut-être aimé un peu plus de profondeur sur certains aspects. Mes moments préférés restent ceux de la guérisseuse indienne et de son disciple, Gifford, médecin tourmenté reconverti en sauvage dépouillé collectionneur de plumes, amateurs de chants d’oiseaux, artiste du nouveau monde, et ceux avec la roulotte de famille, les deux fils, le petit-fils, et la grand-mère au bord de la mort qui recueillent une gamine chinoise au regard mystérieux. Ces moments-là, pleins de grâce, plus profonds et touchants, auraient dû être un peu plus nombreux.
On s’attache beaucoup aux personnages, assez caricaturaux - mais bien caricaturés - bagarreurs, à la morale parfois douteuse, de bons bougres qu’on a envie de voir accéder au succès. Mais le personnage principal c’est cet Ouest, enchanteur, ravageur, fatal pour certains et le début du bonheur pour d’autres. Comme tout bon western, il y a des colts, il y des bagarres, il y a des vainqueurs et des vaincus, il y a des gentils et des méchants, même si les uns ne sont pas beaucoup mieux que les autres. J’ai aimé Faillir être flingué pour son atmosphère poussiéreuse et guerrière, ses personnages rêveurs et heureux de vivre, son western assumé qui donne la pêche.