Je suis un fan absolu de Perez-Reverte mais il m'a fallu du temps pour entrer dans l'univers de ce nouveau personnage. Son caractère au premier abord antipathique et les premiers actes qu'ils posent ne me donnaient pas envie d'en savoir plus. Pourtant, il s'inscrit en droite ligne de son précédent héros: le Capitan Alatriste.
La Guerre Civile d'Espagne est une période qui me fascine. Originaire de là-bas, encore aujourd'hui, près de 80 ans plus tard, ma famille en ressent encore les conséquences.
Sous la plume de Perez-Reverte apparait donc, un nouveau personnage, Falco, homme de l'ombre, aventurier, agent secret, tueur, bref, à priori un personnage peu recommandable et qui, pour noircir encore le portrait, est dans le camp des méchants; donc des phalangistes. Ce qui, on le comprend très vite, moins une conviction qu'une façon de survivre.
On suit donc une mission qui lui est confiée de délivrer des geôles républicaines un notable phalangistes qui risque d'être exécuté rapidement.
C'est ici prétexte à une démonstration, une description, de ce qu'était la vie quotidienne en Espagne à cette époque, de chaque côté du front et aussi la démonstration du pessimisme, du réalisme de survie du héros (appelons-le comme ça). Il n'y avait aucun gentil dans les deux camps; juste des naïfs, des idéalistes, des voleurs et des bourreaux.
Je pense que sous cette forme romanesque, c'est l'occasion pour l'auteur de réaffirmer son athéïsme face aux grandes idéologies qui ont secoués le début du XX ème siècle et qui perdurent aujourd'hui sous d'autres noms, d'autres drapeaux, d'autres emballages.
Perez-Reverte a été reporter de guerre en ex-Yougoslavie, son regard est sans concession et l'attitude de son héros, désabusé, prêt à sacrifier ses compagnons ou à les secourir sur un coup de tête, rejoint ce portrait de l'homme lucide qui sait qu'il n'y a plus aucune cause qui vaille la peine de sacrifier sa vie ou celles des autres pour la défendre. Tuer quelqu'un pour des idées, c'est tuer quelqu'un. Rien d'autre. Et tout cela, au gré des événements, maladivement changeant, et du vent de l'histoire qui peut devenir désespérément futile et inutile.
A découvrir.