Nadine
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Fantômes et Revenants se distinguent : les fantômes sont des créations de la fantasia (imagination), tandis que les revenants ont un corps, immatériel ou pas. Comme l’écriront Tertullien et saint Augustin, les fantômes sont des créatures de l’imaginaire. Le propos de l’historien Claude Lecouteux affirme que la critique de la superstition est insuffisante face à la raison des mentalités ancestrales. Pour ce faire, l’historien se livre à une étude philologique (généalogie des étymologies) s’appuyant sur des textes médiévaux afin de réévaluer rigoureusement la valeur des revenants, dans l’optique d’une histoire des mentalités. Sa lecture critique converge vers une seule hypothèse : les fantômes ont existé.
Du moins ont-ils eu valeur d’existence pour nos ancêtres. Jusqu’à ce que les pères de l’Eglise releguent cette croyance au rang des fables de la mentalité païenne, naïve et superstitieuse.
Les deux sacrés ont certes coexisté, mais n’ont jamais coïncidé. C’est le phénomène de double foi : croire aux saints de la main gauche (fées et esprits) en même temps qu’aux saints canoniques. Les premiers n’intègrent que tardivement le système dualisé entre Paradis et Enfer. Dans ce contexte, le Purgatoire apparaît tardivement à un instant T (1200 apr. J.-C.) comme un impératif logique. Etat-localité (Jacques Le Goff) intermédiaire où l’âme erre après la mort (comme dans une sorte de dimension parallèle) afin de se purger des traces du péché et être digne d’intégrer le Paradis.
Les revenants font partie intégrante de ce contexte religieux. L’inhumation(pierre et cercueil) visant à enfermer le corps sous terre ainsi que le language rituel (« Requiescat in Pace ») en témoignent encore de nos jours. Ils se caractérisent pas une survivance post mortem du corps. Mais puisque l’âme quitte le corps, comment pourrait il encore se mouvoir ?
Contrairement à l’idée reçue des hommes modernes, la mentalité des anciens croyait que l’âme met plusieurs jours à quitter complètement le corps du mourrant. C’est ainsi que certains rabbins, par exemple, sont capables de prévoir la mort prochaine d’un des leurs, dans les anciennes croyances hassidiques (littéralement en « voyant » l’âme quitter le corps). Rétrospectivement, dans ce laps de temps, il n’est pas étonnant que ces derniers puissent croire à une forme d’errance post-mortem, durant laquelle une partie de l’âme survivrait.
Mais le problème est plus profond. Les morts peuvent revenir plusieurs années après leur mort. La mentalité des anciens ne croit pas que toute âme quitte le corps, pas plus qu’elle ne situe l’âme à l’intérieur du corps.
L’âme se diviserait en fait en trois parties. Ses composantes sont tantôt à l’intérieur du corps, tantôt à l’extérieur (littéralement « au-dessus » comme des fils de pantin). Selon les anciens Germains qui ont conservé une matière des indo-européens communs, ce qu’avec le christianisme nous appelons « âme » ne correspond en fait qu’à une de ses trois composantes, elles-mêmes reliées à la tripartition classique entre esprit, zone intermediaire et matière.
Ce que les anciens Hébreux appellent nephesh, ruah et neshama, les anciens Germains dans une définition approchante, quoi que différente, les nomment filgya, armr et hugr.
La fylgia correspond à l’ombre qui, comme on sait, est l’envers du visible. Lecouteux rapproche d’ailleurs cette sorte d’âme du « ka » des anciens Egyptiens. A partir de la théologie, nous sommes en droit de postuler que la fylgia est marquée par le péché et que c’est même elle qui part destination l’Enfer.
L’hugr correspond à l’anima des Latins. C’est le principe qui anime chaque être vivant, et nous pouvons dire à partir d’Aristote qu’elle se divise elle-même en plusieurs sous-parties.
L’armr correspond à la Forme. C’est la partie d’âme qui, connectée à l’au-delà, permet les métamorphoses chamaniques (zoomorphisme). Elle résiste à la mort de l’être et peut changer de forme. C’est sans doute de là que vient la croyance en la capacité des corps à s’animer (tels des automates) après leur mort. Et c’est ainsi que certains revenants prennent des formes animales.
Ces distinctions permettent de mieux appréhender le problème de la survivance post mortem.
Créée
le 3 juil. 2023
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