Fat City
6.7
Fat City

livre de Leonard Gardner (1969)

Quand un ancien boxeur écrit un roman parlant de boxe, on ne sait trop à quoi s’attendre. Il aura fallu quatre années à Leonard Gardner pour accoucher de ce texte devenu culte publié en 1969, alors qu’il avait 36 ans. Tellement culte qu’il remporta le National Book Award et fut ensuite adapté au cinéma par John Huston.


Fat City entremêle les destins de Billy Tully et Ernie Munger. Billy, boxeur en fin de carrière, ne s'est jamais remis de son divorce et vivote dans des chambres d’hôtels sordides. Entre deux cuites, il lui arrive encore de fréquenter la salle d’entraînement. C’est là qu’il y rencontre Ernie, un gamin néophyte tellement doué qu’il le recommande à son ancien promoteur. Mais souvent, un talent prometteur ne suffit pas à faire un champion, Ernie l’apprendra à ses dépens.


Une incroyable plongée dans le quotidien des damnés du ring où suintent à chaque page le sang, la sueur et le désespoir. Billy l’alcoolo, que l’on suit de troquet en troquet, de journées passées dans les champs d’oignons où de tomates sous un cagnard assommant pour moins d’un dollar de l’heure, voit son horizon s’obscurcir au fil des semaines. Billy et ses illusions perdues, sa lucidité mélancolique qui vous vrille les tripes. Et que dire d’Ernie, ses premiers combats, son visage tuméfié, son nez fracturé, ses victoires dans des trous paumés pour un cachet toujours inférieur à ce qu’on lui avait promis et sa vie de couple compliquée . Des personnages cabossés, fragiles, au bord du précipice, touchants par leur volonté de rester debout alors que face à un tel désenchantement, il serait plus simple de se laisser couler.


Leonard Gardner décrit la misère la plus banale avec une simplicité qui fait mouche et des dialogues qui sonnent juste. L’univers de la boxe est présenté loin des paillettes et de la gloire, avec un implacable réalisme.


Fat City reste le seul et unique roman de Gardner. Quand on lui demanda pourquoi il n’avait plus rien écrit après, il se contenta de répondre : « C’est la seule histoire que j’avais à raconter ». Dommage que nombre d’auteurs français n’aient pas autant de bon sens. Si tel était le cas, la surproduction éditoriale permanente pourrait être en grande partie éradiquée.

jerome60
7
Écrit par

Créée

le 28 juil. 2015

Critique lue 242 fois

1 j'aime

jerome60

Écrit par

Critique lue 242 fois

1

D'autres avis sur Fat City

Fat City
Peter_Saras
6

Tout est dit

Il prenait la pose classique, tournait, feintait, s'esquivant d'un bond comme devant une menace, puis, sans raison apparente, comme s'il avait attendu non pas une ouverture mais une inspiration,...

le 18 juil. 2020

Fat City
boobsi
5

Critique de Fat City par boobsi

Stockton, Californie, à la fin des années 50. Fat city nous emmène dans le monde de la boxe. Billy Tully a vu sa carrière de boxeur se briser après un match truqué. Il sombre alors dans l’alcool,...

le 13 juin 2015

Du même critique

Dans les forêts de Sibérie
jerome60
8

http://litterature-a-blog.blogspot.com/2011/12/dans-les-forets-de-siberie-calendrier.html

Sylvain Tesson s'est fait un serment : avant ses 40 ans, il vivra plusieurs mois dans une cabane. Direction donc le fin fond de la Russie, sur les bords du lac Baïkal. De février à juillet 2010,...

le 17 déc. 2011

32 j'aime

1

Le Guide du mauvais père, tome 1
jerome60
7

Critique de Le Guide du mauvais père, tome 1 par jerome60

- Papa ! C'est quoi la pénétration ? - La pénétration c'est quand le monsieur est sexuellement excité et que son pénis devient tout dur. Ça s'appelle une érection. Ensuite le monsieur fait entrer son...

le 5 janv. 2013

27 j'aime

1