Berlin 1964, l'Allemagne a gagné la guerre en Europe 20 ans plus tôt. L'inspecteur Xavier March membre de la police criminelle se voit confier une affaire sur le décès d'un des cadres du régime (compagnon d'Hitler durant la tentative de coup d'état). Les SS lui font gentiment comprendre qu'il s'agit d'un suicide dans ce qui est devenu une énorme mégalopole créée par Albert Speer, mais il n'est pas convaincu. Surtout qu'un deuxième cadavre est découvert.
Vous vous doutez bien qu'avec le monde uchronique construit par Harris l'enquête ne se résume pas à la seule série de meurtres. D'autant plus qu'au même moment, Kennedy s'apprête à renouer le contact avec le Reich suite au status quo signé après la guerre.
March est un inspecteur de police correspondant à l'archétype traditionnel des flics dans la littérature ou dans les films. Sa vie pleine de déceptions, qui trouve une saveur particulière au regard de l'époque décrite, va reprendre de l'entrain et de l'énergie par l'apparition d'une journaliste Américaine aux liens troublants avec l'enquête qu'il mène.
On peut regretter que le livre soit un peu poussif avant l'apparition de la véritable intrigue. Dès qu'une partie des ficelles est dénouée le rythme devient plus haletant jusqu'au terme de l'histoire. On découvre les entrailles de la machine de guerre Allemande, devenue machine politique, et de la propagande du régime.
Il y a tout de même un sentiment qui m'a dérangé. Sans entrer dans le débat de qui savait ou prétendait ne pas savoir le sort réservé aux Juifs d'Europe. Le livre est assez complaisant avec ces Allemands lambda fictifs et donc par extension ceux des années 40. Malgré le fait que Robert Harris ait utilisé une foule de document historiques véridiques pour étayer son propos au sujet de la barbarie des élites nazies.
Un bon polar bonifié par la période qu'il couvre, conseillé à ceux intéressés par le sujet. 7/10