Abordant de biais l'œuvre de Dabit, parce que je m'intéressais à l'histoire du quartier de la Goutte d'Or où les prix actuels du mètre carré habitable épateraient la pauvre Gervaise, j'y suis entré par la petite porte, celle d'un numéro de la rue de Suez dans lequel l'auteur vécut deux années de son enfance tandis que sa mère y était concierge. J'y ai trouvé ce que je cherchais dès la première page et j'ai continué la lecture de ce petit livre avec plaisir alors que l'auteur me promenait dans le 18ème, dans son école communale, puis à Belleville où vivait sa tante et enfin dans la grande banlieue Sud des années 20. Je ne savais pas que je faisais la connaissance du premier lauréat du " Prix Populiste " décerné en 1929 pour " L'Hôtel du Nord ", le roman que Marcel Carné portera à l'écran en 1938 (" Atmosphère, atmosphère ! "). Les pages de ces " Faubourgs de Paris " sont constituées de courts essais initialement publiés dans des revues. Il semble qu'elles aient été écrites en vue de servir à la composition d'un grand roman que l'auteur n'a jamais achevé car il est prématurément décédé en 1936 durant le voyage en URSS de l'Association des Écrivains et Artistes Révolutionnaires emmenés par Gide. Les observations de Dabit sont une mine pour la sociologie urbaine et aussi pour l'histoire des mentalités car, à la différence de Zola quelques décennies plus tôt dans " l'Assommoir ", l'auteur ajoute ici une expérience de terrain portée par la sensibilité d'un observateur très engagé.