Faute de preuves
6.9
Faute de preuves

livre de Harlan Coben (2008)

C'est le mot de la fin, mais aussi un second fil conducteur, qui vous suit pendant tout le livre.
Comme premier contact avec l'auteur, je dois dire que je suis agréablement surpris !
Son livre n'est pas un ramassis de violence et de situations sordides, même si plusieurs décès sont présents dans la trame.

On a droit au contraire à une critique intéressante du mode de vie à l'Américaine, vue depuis les îlots de démagogie et de puritanisme que représentent les pavillons de banlieues.
Sans rentrer non plus dans les extrêmes du genre Desperate Housewives ou de Weeds, l'auteur pose plutôt un regard réaliste et complexe sur ces microcosmes. Culte de la réussite, one-man-show quotidien, société du paraître et de l'excès rongée par un libéralisme à bout de souffle, cette Amérique là ne fait pas rêver.

Au travers deux trames policières très bien menées et entre-mêlées avec intelligence, qui cultivent en plus le suspens jusqu'à la fin, Harlan Cobe expose son histoire avec un style fluide et très axé sur les dialogues. Il est donc de fait très facilement accessible et peut donc toucher tout le monde. Du lecteur occasionnel à l'amateur de scénario.
On se laisse donc naturellement porter par l'écriture, et on découvre l'ambiance unique du livre, qui se pose doucement mais surement. Toujours nuancée, complexe, inattendue.
Elle oscille entre action constante et retournement de situations. Jamais de temps morts. Pas de violence gratuite, pas de sanglant. Juste des pistes, des suppositions, des indices, des faits, des tâtonnements et des dialogues. Finalement peu de description.
L'aspect narratif est quasiment exclusivement centré sur les dialogues. Et ma foi, j'adore. Les descriptions minimalistes sont d'une concision et d'une efficacité redoutable. Donnant le ton sans trop divulguer. Soufflant à demi-mot plutôt qu'en donner tout cuit dans le bec.
Le rythme pourtant pas spécialement survolté reste constant et progressif, du coup votre intérêt s'aiguise au fur et à mesure que les pages se tournent pour atteindre une véritable frénésie avec la fin du livre.

Mais le plus intéressant reste sans conteste la profondeur du livre, avec ce regard si particulier sur les États-Unis. Entre cynisme et contre-pied, l'auteur ne tombe jamais dans les limites du genre policier, mais élargi le débat avec quelques personnages savamment ridicules et inattendus. Le regard de certains personnages, plus particulièrement Christa Stockwell, fige un temps la lecture pour soulever le thème de l'introspection et du pardon. Et vous permet un autre regard, une vision contrastée et inattendue dans ce contexte.
Il en va d'ailleurs de même avec le club des pères, personnages décalés et finalement trop représentatifs d'un système qui s'est détruit de l'intérieur et où chacun d'eux a joué un rôle. L'histoire surprend finalement autant pour son côté humain et réaliste, que par la profondeur de son histoire et de ses personnages; jamais où on les attends. Tout en interrogeant l'air de rien le lecteur sur son mode de vie...
amjj88
10
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Créée

le 27 août 2013

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amjj88

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