C’est qu’on aurait presque pu passer sous silence Faux départ, le premier roman de Marion Messina publié chez Le Dilettante. Un roman qui n’a effectivement pas fait trop de vagues dans une rentrée littéraire 2017 plutôt occupée à se retourner vers son passé franco-algérien (L’Art de perdre longtemps pressenti pour le Goncourt, et bien d’autres romans) ou vers son Histoire sombre (L’Ordre du jour officiellement sacré au même endroit). Et pourtant, très vite, on vit en Marion Messina la digne héritière de nul autre que Michel Houellebecq himself. Mérité ?
La bande-annonce
« Alejandro s’était réveillé avec la bouche sèche et la mi-molle des matins maussades. »
Entre Aurélie, qui crève d’ennui dans une fac, et Alejandro, le Colombien expatrié, l’amour fou et inimitable, le frisson nouveau sont toujours à portée de corps mais jamais atteints. La vie fait parfois un drôle de bruit au démarrage…
L’avis de Lettres it be
Jeune grenobloise sans histoire, ensuite rédactrice indépendante en France puis au Québec, puis titulaire d’un BTS agricole, rien ne prédestinait le nom de Marion Messina à faire des vagues en libraire et ce dès son premier roman. Et pourtant, la quasi-banalité de cette trajectoire lui donne toute la légitimité pour ne parler de rien d’autre que l’histoire d’une jeune fille d’un coin de France, étudiante, qui s’amourache d’un Colombien expat’. Quand rien d’intéressant se transforme en un tout plus que captivant…
« La défense du principe d’égalité des citoyens était poussée à son paroxysme, il croyait souvent avoir des hallucinations devant certains débats, notamment ceux d’Yves Calvi ; Christophe Barbier lui semblait être un personnage de bande dessinée.
Histoire d’amour somme toute classique, plongée dans le quotidien d’une jeune fille de France, temps d’arrêt littéraire objectif sur notre quotidien banal trop banal… Difficile de ranger Faux départ dans une case toute faite tant les visées paraissent nombreuses et la réussite unique. Pour un premier roman, Marion Messina fait reparaître tout l’acide réalisme d’un Houellebecq, modestement la « petite musique » d’écriture d’un Céline ou encore l’ennui captivant d’un Jay McInerney. Aurélie, l’héroïne de ce roman, c’est vous, c’est moi, c’est elle. Et dans notre société toujours en quête d’un ailleurs idéalisé notamment en matière littéraire, quoi de mieux qu’un regard froid, sans fard pour dire ce qui se joue en nous et autour de nous ?
« Pour Christine, il y avait quelque chose de rétrograde et de profondément mortifère dans le culte des grandes familles ; son troisième enfant avait été conçu pour optimiser les prestations familiales et surtout pour tenir compagnie aux deux grands.
Dans un écrin résolument autobiographique à la langue effrayante de justesse, Marion Messina enchante les quelques 222 pages de son premier roman. Un enchantement qui s’étale dans ce réel, notre réel, qui prend vie sous la plume d’une auteure qui ne semble déjà n’avoir plus rien à prouver. Faux départ frappe juste, sans coup férir. La comparaison a vite été faite avec Michel Houellebecq et d’autres. Et si Marion Messina nous montrait là ce que c’était de faire du… Marion Messina ?
« Ses parents étaient dans l’incapacité financière de lui permettre de s’épanouir loin de leurs discussions autour de l’assurance auto, le loyer qui augmente et les séances shopping chez le hard discounteur du coin.
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