Fay
6.5
Fay

livre de Larry Brown ()

Du rififi dans le Mississipi.

La trame principale de l’histoire met un moment avant de vraiment s’installer et de nous happer. Mais une fois le trio de personnages principaux en place, on comprend que l’intrigue va droit dans une impasse, menant irrésistiblement vers une rupture fatidique et la deuxième partie, comme tout roman noir qui se respecte, est plus captivante.
Il faut dire que cette Fay, même si elle subit plus qu’elle ne provoque les événements, a une faculté certaine pour s’attirer des ennuis ou pour endurer le joug des hommes qu’elle croise, gent masculine décrite ici comme une bande de pervers alcooliques violents mal intentionnés, ou dans le meilleur des cas dans l’impossibilité de résister à son charme juvénile.
Stylistiquement, il ne se passe pas grand-chose et les descriptions narratives sont par moment assez ennuyeuses : des lignes et des lignes pour raconter une balade en voiture, boire et fumer au volant ou juste pour descendre se faire couler un café à la cuisine.
Je trouve que Larry Brown ne fait pas grand-chose du monde qu’il décrit, de toute cette déchéance sociale qu’il relate, cette fange humaine qui ne pense pour les uns qu’à boire, fumer et assouvir leurs pulsions, ou à être restreint à objet sexuel pour les autres quitte à devoir en payer le prix tant physiquement que moralement par les premiers. Même dame nature, telle une décharge géante à ciel ouvert, en prend pour son grade en subissant l’incivisme de chaque personnage par leur délestage continu en tout genre.
Pour autant cette description ne mène à aucune porte de sortie qu’elle ne s’ouvre sur des notes d’espoir sinon par ce constat assez sombre que l’être humain court à sa perte.
Non, au final, cela permet seulement à l’auteur d’incarner l’univers que côtoie Fay et de jouer sur la dualité entre la naïveté d’une jeunesse malheureuse par une vie recluse et l’attirance sensuel que provoque son corps de jeune femme, ambivalence à l’origine de son infortune et du chaos que cela engendre.
Par son rythme plutôt lent et ses longs passages narratifs, je qualifierai ce roman noir de roman « d’atmosphère » plutôt que d’action. Aussi le personnage éponyme est je trouve moyennement réussi et son côté vénéneux pas assez souligné pour venir suffisamment appuyer les motivations des protagonistes.
Ce n’est pas totalement inintéressant, je l’ai lu assez rapidement, mais quitte à faire prétentieux, je trouve que cela manque d’ambition littéraire et que ce roman, alors qu’il y a de bonnes idées et un certain regard, reste cantonné à un roman de genre.

volnay8
6
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le 4 nov. 2021

Critique lue 21 fois

volnay8

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