Pollock pousse très loin le sordide, l’infâme, le crasseux à travers une poignée de personnages plus ou moins abjects dans l’Ohio des sixties, dans l’Amérique du Midwest, celle ou il ne fait pas bon faire du stop.
Personne n’est épargné : ni les garants de l’ordre, les institutions religieuses ou les représentants de la justice. Même les personnages féminins sont un summum de vulgarité ou de bêtises.
Un tableau plus que noir sans aucune once d’espoir dont la lecture laisse perplexe pourtant par moment. Les personnages manquent d’incarnation, certainement de profondeur puisqu’en quelques lignes on en tire un portrait définitif. C’est froid et factuel. La difficulté à réellement s’identifier ou de ressentir un brin de compassion est substituée par une intrigue chorale maitrisée, un rythme parfait qui fait tourner les pages aisément.
Au bout d’un moment on se dit, pourquoi tant de haine… ? Ok Pollock décrit à l’état brut l’ignorance, la pauvreté, la faiblesse d’esprit, l’inculture. Et puis la violence et l’alcoolisme, le néant absolu qui en résulte. Mais sans vraiment donner de piste, son sentiment sur l’origine de toutes ces tares, comme si l’unique interprétation était une sorte d’atavisme irrévocable.
C’est tellement sombre qu’on ne voit pas d’issue possible, de regard positif sur l’avenir. Est-ce le message de Pollock ?
En tout cas ce texte nécessite, après coup, un effort de réflexion pour le lecteur si on veut sortir de son aspect de simple thriller, de ne pas rester dans l’expectative afin d’imaginer ce que voulait vraiment communiquer l’auteur et apporter un semblant d’optimisme à ce bourbier de psychopathes.