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Sur la quatrième de couverture il est écrit "que Feria est une belle réflexion sur le sens de la vie doublée d'une magnifique déclaration amour à la famille et à la terre". Alors effectivement,...
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le 9 mars 2024
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Traduit de l’espagnol, il s’agit d’un livre de souvenirs personnels familiaux, charmant dans sa forme, faisant fi de la chronologie, sautant du coq à l’âne, fait de digressions et d’anecdotes. Ce premier récit d’Ana Iris Simon déborde d’amour pour sa famille et sa région natale, La Mancha. Pour nous qui ne sommes pas espagnols, c’est à la fois exotique et très familier, car ce livre évoque les générations précédentes et les traditions. Les souvenirs égrainés sont plaisants, comme par exemple l’histoire de l’amandier planté par le grand-père sur la route, les personnages attachants, et la jeune femme met en relief, parfois de façon amusante, leur esprit large, leur sensibilité et l’éducation chaleureuse qu’ils se transmettent d’une génération à l’autre. Mais contrairement à la critique annoncée, je ne trouve pas que ce soit « une brillante réflexion sur le sens de la vie » ni « le grand roman de la précarité. » Le premier chapitre est en effet une suite de réflexions intéressantes sur « l’impératif social », «l’infantilisation» des jeunes adultes et le ton en est agréable car au lieu d’un cours ou d’un discours, la plume suit le cours des pensées. Le chapitre « Feria » aussi (p.146 et suivantes), au sujet des classes sociales, évoque le fait que la culture populaire méprisée à une époque est ensuite valorisée par la bourgeoisie d’une époque suivante ; je n’ai pas bien suivi les exemples, car ça parle du reggaeton plus particulièrement espagnol, dont j’ignore tout. Mais on peut faire un parallèle dans d’autres pays. Elle évoque aussi la « lumpenbourgoisie », et le fait de « se distinguer pour prouver l’absence de distinction », autant de remarques qui auraient plu à Bourdieu ; les sociologues se penchent-ils sur ces changements dans les classes sociales, comme sur la précarisation des diplômés ? On reste un peu sur sa faim sur tous ces sujets brûlants. On attend un autre livre qui prenne à bras le corps les années d’étudiante et de jeune adulte de l’auteur, et approfondisse ses remarques. Je ne suis pas sûre qu’elle représente « la première génération qui vit moins bien que ses parents », c’est sans compter qu’il y a des déclassés à chaque génération, que la crise de 2008 n’est pas la seule et que la quête de donner du sens à sa vie s’éloigne souvent des sentiers battus.
Créée
le 17 oct. 2024
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